Stefan Sobkowiak. Ce nom ne vous dit peut-être pas grand chose. Mais si, comme moi, vous vous intéressez à la permaculture au verger, vous connaissez déjà sa réputation et sans doute aussi son film Le verger permaculturel: au delà du bio, téléchargeable sur le net. Actuellement en tournée en Europe, l’arboriculteur et pépiniériste québecois des fermes miracle s’est arrêté en Suisse la semaine dernière, à l’initiative du collectif genevois Permabondance qui a eu la bonne idée de l’inviter à l’école d’horticulture de Lullier (GE) pour une conférence et un stage de deux jours.
Objectif de sa tournée? Convaincre les Européens, preuves à l’appui, d’accueillir la biodiversité au verger, avec plus de rendement, plus de plaisir et moins de travail à la clé. Basé sur l’auto-cueillette, son modèle économique non subventionné fait appel à des techniques qui remettent totalement en question nos pratiques culturales. En quelques lignes, développées dans l’édition du 14 décembre de Terre & Nature et dans celle du 29 mars 2018, il s’agit d’abandonner les vergers de monoculture intensive, qu’ils soient bio ou conventionnel, au profit de vergers « épicerie » où l’on cultive sur un même rang non seulement des pommes, poires, prunes et cerises, mais aussi toutes sortes de petits fruits (groseilles, cassis, amélanches, raisin,…) et de légumes vivaces (ail, ciboulette, rhubarbe, oseille, fleurs comestibles,…). Et tout cela sans aucun intrant, engrais et pesticides! Car Stefan Sobkowiak mise sur des plantes fixatrices d’azote (févier d’Amérique, robinier faux acacia, argousier,..) pour doper la croissance des cultures et sur les multiples auxiliaires sauvages (oiseaux, insectes, champignons,…) pour équilibrer cet écosystème comestible.
Miracle ou fabulation? Réalité ou utopie? A Lullier, sa démonstration fût convaincante. Avec son enthousiasme débordant, son accent et ses expressions truculentes, le québecois a su conquérir un parterre d’étudiants hilares et ébranler avec tact les certitudes des professionnels les plus sceptiques. Quoi qu’il en soit, merci Stefan pour ce bon moment passé ensemble et pour ces montagnes de fruits fondants et délicieux auxquels tu nous a fait rêver à l’aube de l’hiver.