Pluie, pluie et re-pluie. Les arbres sont contents, les tomates nettement moins. Et moi, soulagée pour les uns et désolée pour les autres, je coupe, fauche et désherbe à tour de bras, prise d’une énergie aussi folle que les végétaux qui m’entourent. Entre deux valses de brouette, mon butin échoue au hache-paille, au compost ou dans l’appentis-sorcière, ainsi bien nommé le lieu où je stocke mes pots, remise l’outillage et concocte des potions souvent malodorantes. Depuis quelques semaines en effet, j’enchaîne les préparations de purins d’ortie (Urtica dioica) et de consoude (Symphytum sp), que la bienséance qualifie d’extraits fermentés, mais qui n’en puent pas moins pour autant.

Riches en éléments nutritifs, ces purins stimulent la croissance des légumes au potager et renforcent leurs défenses naturelles face aux maladies cryptogamiques que la pluie favorise. Autrement dit : j’en gave mes plants de tomates et j’ai averti le mildiou qu’il n’a qu’à bien se tenir.

Recette de base du purin de plantes

  • couper environ 1 kg de plantes (feuilles et tiges) et hacher grossièrement avec une cisaille ou un sécateur dans un grand seau
  • rajouter 10 litres d’eau de pluie
  • placer le seau à la mi-ombre et touiller au moins une fois par jour. Des petites bulles remontent à la surface au bout d’un ou deux jours, indiquant que la fermentation a démarré.
  • Au bout de 5 à 10 jours, il n’y a plus de bulles. C’est le signe que le purin est prêt. Plus il fait chaud, plus la fermentation sera rapide.
  • filtrer et utiliser aussitôt, ou stocker à l’ombre dans un récipient hermétique. Très concentré, le purin s’utilise dilué avec de l’eau à 5 % en pulvérisation sur le feuillage ou dilué à 10% en arrosage au pied des légumes. Espacer les traitements de 10 à 15 jours.

Matériel

Sachant que certaines maladresses peuvent avoir des conséquences olfactives aussi tenaces que désagréables, cela vaut la peine de bien préparer son matériel avant toute manipulation. Pour ma part j’utilise aujourd’hui avec grande satisfaction :

  • une balance de cuisine
  • un grand seau d’une quarantaine de litres pour la fermentation
  • le double fond d’une vieille casserole à stériliser en guise de filtre (déniché à la déchetterie)
  • une louche à purin (dénichée dans une brocante) pour transvaser le purin sur le filtre
  • un maturateur d’apiculture en inox de 50 litres pour recueillir le purin sous le filtre (très pratique avec son robinet)
  • des gants  de préférence non troués
  • un sécateur et un cisaille
  • un arrosoir et un pulvérisateur

Particulièrement riche en azote (N) et en potasse (K) qu’elle puise dans le sol (elle adore pousser près des tas de fumier ou au pied des murs servant d’urinoir), l’ortie est un excellent engrais pour le jardin. Elle a aussi des vertus insectifuges, insecticides et fongicides. Quant à la consoude, elle contient beaucoup de potasse (K) et de phosphore (P), des éléments minéraux indispensables à la formation des fleurs, des fruits et au développement des racines et des tubercules.

En pratique, j’utilise le purin d’ortie et de consoude en mélange au printemps, à raison de 2/3 d’ortie et 1/3 de consoude quand il s’agit de renforcer la croissance des jeunes légumes, puis un peu plus tard dans la saison, j’inverse les proportions pour stimuler la fructification des légumes-fruits (tomates, courgettes, ..) et le développement des légumes-racines. En parallèle, je passe régulièrement de grandes brassées d’orties et de consoudes au hache-paille et les utilise comme couvre-sol au potager (voir vidéo). Et enfin, pour varier les plaisirs, leurs plus belles feuilles finissent parfois dans notre assiette, mais ça c’est une autre histoire et … un autre parfum.

 

Prêle et/ou bicarbonate de soude à la rescousse

Quand l’ombre du mildiou plane sur le potager, comme c’est le cas actuellement faute aux pluies continues et aux températures fraîches, cela vaut la peine d’utiliser en prévention deux alliés de taille pour protéger nos légumes sensibles: la prêle et le bicarbonate de soude.  Riche en silice, potasse et calcium, la prêle renforce la résistance des plantes aux maladies cryptogamiques. On l’utilise plutôt en décoction, pulvérisée sur le feuillage: les cristaux de silice font ainsi barrage à la pénétration des spores du champignon.

Plus facile à préparer en cas d’urgence, le bicarbonate de soude s’utilise à raison d’une cuillère à café par litre d’eau. A pulvériser sur la plante entière au moins une fois par semaine et après chaque pluie, en veillant à épargner les fleurs.

Envie d’en savoir plus?

Paru aux éditions Terre vivante, ce petit guide propose 60 recettes pour soigner en douceur les plantes du jardin. Par Brigitte Lapouge -Déjean et Serge Lapouge