L’allusion au célèbre long métrage Mars Attacks n’aura pas échappé aux cinéphiles, car  il en sort de partout et j’en suis presque à imaginer des pouvoirs extraterrestres aux limaces oranges qui envahissent tous les soirs le jardin. Est-ce de la génération spontanée? Sont-elles issues d’un clonage orchestré en sous-sol par un monstre baveux et tentaculaire? On a beau passer nos soirées à chasser du mollusque, elles sont toujours aussi nombreuses et insatiables. Mais que font donc les hérissons, les crapauds et les carabes? A mon avis, soit ils souffrent d’indigestion, soit ils préfèrent de loin croquer un ver de terre ou de menus insectes plutôt que de se retrouver avec du mucus plein la gueule. J’en sais quelque chose. Quand il était bébé, mon fils Antoine a mâchouillé une limace pendant plusieurs minutes  avant que je ne m’en aperçoive. J’ignore s’il a apprécié ce chewing-gum mais en tous cas, j’ai eu une peine folle à lui décoller toute la mousse qu’il avait sur la langue…

J’en suis persuadée: notre jardin sauvage est un paradis pour gastéropodes et figure au catalogue de leurs destinations préférées. Mais je peux les comprendre, les arguments sont aguicheurs: tas de bois vermoulu et de cailloux, paillage à gogo, buttes de compost, légumes bio, végétation luxuriante, mares, vieux murs, … et quand en plus, la  pluie est annoncée pour toute la semaine, les mollusques débarquent par centaines et se reproduisent par milliers. Bref, à défaut de pouvoir compter sur les prédateurs qui en ont autant marre que nous, à défaut d’avoir obtenu un quelconque résultat avec la télépathie et la communication non violente, on multiplie les moyens de lutte plus ou moins efficaces pour sauver nos salades (toutes mes excuses à Hervé Coves ). En voici un petit florilège.

  • Le seau à cueillette– C’est la méthode la plus en vogue parmi les jardiniers. On ramasse, on remplit des récipients qui débordent et on va déverser à quelques encablures du jardin. C’est long, fastidieux et pas du tout radical:  les limaces sont tout juste dépaysées. Mais au moins, cela apaise la conscience.
  • Les planches en bois- A parsemer au potager comme autant de cachettes à limaces. Au petit matin, on soulève, on détache et on transfère dans le seau à cueillette.
  • Le lancer – L’exercice demande dextérité et sens du visé. Pour ma part je suis plutôt nulle: le gastéropode tombe la plupart du temps dans une autre platebande. Recommandé néanmoins pour calmer les nerfs.
  • Le piège à bière–  Testé pour vous l’autre soir et pas très convainquant, même avec de la Calvinus bio. Les limaces affluent dans le gobelet d’alcool enterrée au ras du sol et s’y noient lamentablement. Revers de la médaille: si un hérisson mange des limaces imbibées, il est quitte pour devoir traverser la route en zigzaguant.
  • L’arme blanche -Tout outil tranchant peut faire l’affaire. Nos préférences vont au couteau de cuisine,  à la paire de ciseau et au sécateur.  Comble du sadisme : la pique à brochettes (une idée de Gaël).
  • La cloche en plastique – Elle peut soustraire momentanément le planton à l’appétit des limaces mais il faut surveiller de près car il n’est pas rare d’en trouver une sous cloche. A combiner de préférence avec quelques granules de ferramol. Lire aussi billet «Stress hydrique et alerte orange»
  • Les petits granules bleus – Choisir ceux à base d’orthophosphate de fer (type Ferramol), autorisés en bio,  et non ceux à base de métaldéhyde, toxiques pour les prédateurs des limaces. Indispensable en cas d’attaque massive si on ne veut pas tout se faire dérober sous le nez. Celles qui en mangent ont l’appétit coupé, brunissent et meurent un peu plus loin. Attention toutefois à ne pas en abuser car un apport excessif de fer dans le sol peut bloquer l’assimilation d’autres éléments minéraux par les plantes, et donc péjorer leur croissance. Selon certaines sources, les lombrics pourraient aussi en être incommodés.
  • Le tas de fanes- Consiste à offrir aux limaces sur le compost ou en bordure de potager un buffet de plantes flétries dont elles raffolent, comme par exemple les choux ou la lapsane commune (lire aussi billet Chop & drop). Ce qu’elles mangeront là, elles ne le prendront pas ailleurs. Mais attention à réalimenter régulièrement leur tablée, sinon vengeance assurée.
  • Le gros sel-  Conséquences trop mousseuses à mon goût.
  • Les coquilles d’œufs – Je suis formelle: ça ne marche pas! Les limaces devaient être fakir dans une vie antérieure.
  • Le mars de café -Bof bof bof, si j’en crois les trainées de bave qui maculent la poudre brune au petit matin.
  • La cendre de bois – Ok mais on fait comment quand il pleut?
  • Les canards coureurs indiens- Efficaces mais sources de plein d’autres soucis, surtout si on manque d’eau et qu’on a pas envie de  mettre des clôtures partout. Mes déboires avec les canards sont racontés dans Coureurs indiens, le flop!  et Adieu Pataplouf

Les techniques ne manquent pas et je suis sûre que vous en avez testé d’autres encore. Une chose est sûre: le meilleur remède anti-mollusques reste la canicule, mais ses effets sont encore pires pour les arbres et les légumes.  Ou alors les extraterrestres? Peut-être qu’avec un peu de chance, ils consommeraient des limaces…