Cette semaine, j’ai envie de vous faire part d’une expérience potagère plutôt bien partie: celle d’une culture sur buttes type « lasagne », où patates primeur, tomates, choux et haricots se chevauchent allègrement. Question buttes, nous n’en sommes pas à notre coup d’essai. Dès nos débuts en permaculture, nous avons élevé des buttes de terre, avec ou sans bois au fond, et avec plus ou moins de succès (lire Ma butte de Noël  et Buttes à campagnols ou buter les campagnols?). Au fil du temps, elles se sont aplanies pour devenir des planches de culture permanentes légèrement surélevées et convenant mieux à notre terre légère (lire De buttes en planches).

N’empêche. L’incroyable croissance végétale observée sur d’épaisses buttes de matières organiques plus ou moins fraîches ou compostées dans des jardins amis me faisait très envie : Winde et Michel, jardiniers du Possible à Estevenens, en savent quelque chose! En octobre dernier, je me suis donc lancée dans la création de deux belles buttes exposées plein sud, avec l’idée d’y planter tomates et poivrons dès ce printemps. J’ai suivi plus ou moins la technique de la «lasagne », qui consiste à alterner des couches de matières brunes (paille, feuilles mortes,…) avec des matières vertes (tonte de gazon, fanes de légumes,…), afin d’obtenir un bon équilibre carbone –azote et une aération adéquate. L’important est aussi de bien arroser entre chaque couche pour que l’humidité soit bien présente en profondeur. Comme en cuisine, mes lasagnes n’ont pas été faites dans les règles de l’art, mais plutôt de façon intuitive, en fonction des ingrédients que j’avais sous la main. Voici en images les 10 étapes de la mise en place:

Une fois les buttes recouvertes de paille, nous les avons laissées en plan jusqu’au 20 février. Ce jour-là, à l’encontre de toutes les pratiques horticoles en vigueur à 670 m d’altitude , nous y avons planté nos pommes de terre, dans l’idée de savourer des patates nouvelles avant de planter les tomates. Protégées par un voile de forçage, elles ont pointé du nez fin mars puis poussé vigoureusement jusqu’aux frimas du mois d’avril. Le coup a été rude mais les pommes de terre ont survécu : après avoir pansé leurs brûlures, elles sont reparties de plus belle ! Le gel ayant quand même un peu contrarié nos plans en retardant la récolte, nous avons déplacé fin avril une partie des plants de patates sur un coin de verger à défricher pour faire de la place aux tomates sur le haut des buttes.

Résultat des courses :

  • Le 5 juin , nous avons savouré nos premières patates nouvelles. Un délice !
  • Au fur et mesure de la récolte des plants, je les ai remplacés sur la butte par des poivrons et du basilic versant sud et des plantons de choux de Bruxelles, kale et et cabus versant nord (photo). Au pied d’une des buttes, semis d’une ligne de haricots nains.
  • Plantés le 30 mai, mes plantons de tomates rachitiques ont très rapidement pris l’ascenseur (bien mieux que dans la serre), en profitant d’un substrat organique riche et bien humide.
  • Les plants de patates déplacés au verger ont repris du service. Posés sous un arbre mort puis recouverts de paille, ils préparent à notre place le terrain pour nos prochaines plantations d’automne. (lire Patates sans efforts, ou presque)

Pour l’instant, la cohabitation patates-tomates-chou se passe très bien. Pas besoin d’arroser car l’intérieur des buttes est à la fois chaud et bien humide. Pas un doryphore ni la moindre limace à l’horizon (elles sont d’ailleurs mystérieusement absentes du jardin ce printemps). Bref, nous sommes ravis ! Mais prudence, ne savourons pas les tomates avant de les avoir cueillies. Le jardinage réserve toujours des surprises : c’est d’ailleurs ce qui fait tout son intérêt.

 

Pour des lasagnes dans les règle de l’art…

Ce petit bouquin paru aux éditions Terre vivante vous donnera plein de bons conseils pour réussir à coup sûr vos cultures en lasagne.