«N’attendez pas que le système soit parfait avant de planter! Just do it!» ou encore « Le meilleur moment pour planter? C’était il y a 20 ans!» Les exhortations de Stefan Sobkowiak, de retour à Genève vendredi dernier pour une conférence vivifiante, ne sont pas tombées dans l’oreille d’une sourde. Chantre du verger permacole, le québecois a l’art de convaincre en partageant ses échecs et réussites avec énormément d’humour et d’enthousiasme. Il n’en fallait pas plus pour me décider à griffonner le futur emplacement de mes scions sur un plan de fortune, puis à prendre la bêche et le chemin de la pépinière.
Il faut dire que ça fait un moment que j’y travaille, à la densification de notre verger haute-tige! Tout a commencé il y a deux ans, en plantant des buissons et des vivaces sous la couronne d’un vieux pommier (lire la guilde du pommier, billet du 13 mars 2018), puis en étoffant le pied de quelques pruniers. Les végétaux ont poussé depuis, mais suite à un stage dans la forêt-jardin de Martin Crawford en septembre dernier, j’ai entrepris de rectifier le design en supprimant des chemins, car ils donnent beaucoup trop de travail d’entretien. Du coup, j’ai gagné pas mal de place qu’il a fallu préparer pour les futures plantations: décompactage, désherbage, fumure avec crottin de cheval, pose de cartons pour empêcher la repousse et de bois mort pour apporter des champignons,…
Avec mon fils Gaël, apprenti paysagiste, nous avons fait le tour de la pépinière, un carreau de 4 m², pour faire le bilan de nos greffages du printemps (lire billet du 11 mars 2019). Chouette! Parmi les pommiers de fer, pruniers étrangle-cou, poiriers culottes suisses, nashis, néfliers et autres curiosités, 27 greffes (sur une quarantaine) ont pris et au moins 12 scions peuvent être transplantés sans plus attendre. Nous avons aussi deux belles lignes de châtaigniers, quelques figuiers et des petits fruits à ne plus savoir qu’en faire. Les boutures d’amélanchier ont moins bien marché: une seule d’entre elles a pris racine. Dommage car ces arbustes ont des baies tellement bonnes que j’en couvrirais bien tout le jardin.
J’avais l’intention de bien préparer le terrain et dessiner mon projet sur papier dans les règles du design permacole avant de planter, mais Stefan Sobkowiak a raison: trêve de tergiversations, le temps passe trop vite pour être perfectionniste! Hier, j’ai planté six petits arbres et ce n’est qu’un début: je file au jardin dès que j’ai terminé cette chronique.
Plus d’infos: Stefan Sobkowiak partage volontiers son expérience du verger permacole sur son site www.miraclefarm.ca et dans des vidéos. Vous y trouverez notamment un film des stages qu’il anime à Genève en collaboration avec le collectif permabondance