S’il y a un rendez-vous de septembre que j’essaie de ne pas rater, c’est bien le troc de plantes de l’Isle (VD). On y retrouve des amitiés jardinières, on babille petites graines, fleurs et arrosoir. On s’échange des plantes et des sourires, on papillonne de pots en pots,  en quête d’une rareté, d’un coup de cœur ou d’un simple pied de romarin. Organisé par les bénévoles de Jardislisle, un club local de jardinage né sous l’impulsion de Marion Casselle, une anglaise passionnée aujourd’hui retournée au pays, le troc de l’Isle est résolument féminin et cela fait du bien.

Ce dimanche, on fêtait ses 10 ans d’existence, avec au programme pléthore d’animations, débats et dégustations en tous genres. Et en 10 ans, le troc a passablement évolué. Il s’est agrandi un peu, beaucoup, tout en gardant une ambiance bon enfant. Et comme partout ailleurs, la permaculture est passée par là. Elle a fait une entrée remarquée dans le programme des conférences et s’étale au grand jour dans le jardin participatif Vert un Monde  initié par des jeunes de la région et situé à deux pas de là, à côté du château. «Il y a 10 ans, certaines d’entre nous étions novices en jardinage et d’autres avaient envie de progresser. Comme nous sommes curieuses, nous avons appris par nos lectures et nos rencontres, en expérimentant et en visitant d’autres jardins. Se passer de produits phytosanitaires est devenu une évidence. On a appris à accueillir la biodiversité dans nos jardins et maintenant on commence aussi à tout mélanger, les fleurs et les légumes» s’enthousiasme Stéphanie Javet, l’une des fers de lance de Jardilisle. Cette année, les plantons de légumes annuels et les vivaces comestibles, comme la poire de terre, l’ail rocambole, le chou de Daubenton et les poireaux perpétuels ont donc fait leur apparition sur les étals. Pour répondre aux attentes des membres et du public, les Jardiniers du possible ont aussi partagé leurs expériences de culture sur buttes, Isabelle Erne, créatrice de florens.ch et collaboratrice de Terre & Nature a plaidé en faveur du jardin sauvage, tandis que Joël Vuagniaux, de l’association Ressources, encourageait les jardiniers amateurs à récolter et conserver leurs graines.

Du beau monde et de belles plantes. Mais surtout de la simplicité, du partage et beaucoup d’amour. Un événement qui, à l’image de tous les autres trocs qui fleurissent en Suisse romande, fait chaud au cœur et remplit d’espoir pour un monde meilleur.