pdf de la chronique mensuelle parue dans Terre & Nature le 22 décembre 2016

Une année riche en rebondissements – décembre 2016

Jamais je n’aurais pensé que la tenue de cette chronique permacole m’insufflerait autant d’énergie positive. Car il s’agissait non seulement de dire mais surtout de faire, pour avoir du nouveau à vous raconter chaque mois. L’heure est au bilan. Pour notre famille, il est très positif, même si nos week-ends ont été plus que jamais accaparés par le jardin. Pour le jardin aussi, mais ce n’est qu’un début. Sa métamorphose se poursuivra ces prochaines années, car la permaculture ne peut être un projet ponctuel. C’est devenu un projet de vie qui remet en question nos habitudes et notre emploi du temps. Chacun de nos faits et gestes fait désormais l’objet d’une plus grande réflexion afin de boucler au mieux la boucle de notre petit écosystème, dans le respect du sol et de la planète. C’est peu, mais c’est déjà ambitieux. Vous avez été très nombreux à suivre le fil de nos expériences. Votre enthousiasme et vos encouragements ont été tels que cette chronique ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Vous pourrez dorénavant suivre régulièrement nos aventures permacoles sur le site www.terrenature.ch. D’ici là, voici en mots et en images quelques événements parmi les plus marquants de 2016.

Nouveaux pensionnaires
L’un est un Rouen clair et s’appelle Pataplouf, les deux autres sont dénommés «les coureurs» et, à trois, ils forment un trio de canards très attachant qui a conquis nos cœurs et notre poulailler. Leur mission était de nous aider à lutter contre les limaces au potager. Mais d’une part nous avons eu très peu de limaces, et d’autre part il était impossible de les lâcher au potager sans une surveillance rapprochée. Bref, nous allons devoir réfléchir à des aménagements permettant leurs allées et venues depuis le poulailler… sans que les poules puissent les escorter. Un sacré casse-tête en perspective.

Une jungle en devenir
Mais pourquoi diable n’avons nous pas pensé plus tôt à créer un jardin-forêt, en plantant petits fruitiers et légumes sous et entre les arbres du verger? Parce que ça ne se fait pas ou parce qu’on a oublié que cela se faisait autrefois. Mais rien n’est jamais trop tard! Asiminiers, nashi, baies de mai, aurones, kiwi, kiwai, groseilliers, josta, cassis, fraisiers des bois et consoudes sont déjà en place. Et il nous tarde que le sol dégèle un peu pour poursuivre les plantations.

Oh les belles buttes!
La beauté est aussi une récompense. Cette phrase prononcée par Charles Hervé-Gruyer, maraîcher-permaculteur à la ferme du Bec-Hellouin, en Normandie, me vient souvent à l’esprit lorsque je regarde les courbes et les mosaïques de couleurs que dessinent nos 25 nouvelles buttes de culture. Se promener au potager est devenu plus facile, y travailler est un plaisir. Certaines contiennent du bois, d’autre pas, certaines se sont desséchées plus que d’autres, mais toutes ont produit leur part de bons légumes. Seul bémol: les campagnols des champs et les campagnols roussâtres semblent apprécier ces nouveaux reliefs autant que ce qui y pousse.

Rencontres
Notre jardin a attiré beaucoup de monde et c’est chaque fois un plaisir d’y accueillir des jardiniers souriants. La permaculture a cela d’extraordinaire qu’elle suscite de belles rencontres et réunit des personnes animées par la même volonté de consommer autrement et de respecter la nature et l’environnement. Certes, les visites nous prennent du temps, mais ce n’est jamais du temps perdu. Ces moments de partage nous font redécouvrir le jardin sous un angle plus reposant, plus contemplatif, nous enrichissent énormément et nous motivent à jardiner de plus belle.

La grêle en plein été
16 août, une violente grêle s’abat sur nos cultures, mais les dégâts seront minimes en regard de celle qui a lacéré nos jeunes plants le 24 juin, alors que le jardin venait tout juste de se relever des pluies et du froid du printemps. Les dérèglements climatiques sont en passe de devenir une norme à laquelle il faudra s’adapter. En privilégiant les microclimats, la biodiversité et l’autofertilité, la permaculture s’avère un excellent moyen de résilience. Preuve en est la belle quantité de légumes qui remplissent malgré tout notre cave et nos assiettes.

Vindiou de mildiou!
Nous avons eu de belles tomates dans la serre, mais beaucoup moins qu’espéré. La faute aux frimas de mai qui ont affaibli les jeunes plants et la faute au mildiou qui a fait son apparition dès la mi-juin, attaquant sans distinction solanacées, melons et concombres. Et comme si cela ne suffisait pas, les pucerons lui ont prêté main-forte, tandis que les chenilles de piérides boulottaient avidement les quelques choux raves plantés aux étages inférieurs. Mes pulvérisations à base d’ail et de savon noir ont un peu limité les dégâts, mais lassée, j’ai fini par baisser le bras. La bonne surprise est venue des bottes de paille gorgées de purin d’ortie à l’extérieur de la serre: les plants de tomates y sont devenus gigantesques et n’ont même pas été malades!

Un muret multifonctions
Le mur est fini! Commencé en novembre avec trois belles équipes de lecteurs de Terre&Nature, nous avons achevé son couronnement le 7 décembre en compagnie de notre muretier professeur Éric Vaucher. Long de 7 m et haut de 90 cm, ce muret de pierres sèches soutient une terrasse qui accueillera vignes et plantes mellifères. Il permet aussi de retenir l’eau dans la pente et offrira des banquettes chaleureuses à tout ceux qui aiment lézarder.