Tout le monde le dit : ce n’est pas une année à fruits ! Dans notre jardin, les cerisiers ont avorté, les pruniers n’ont quasi rien donné, les poiriers ont déprimé, les pêches se comptaient sur les doigts de la main et ne parlons pas des quelques mirabelles abandonnées aux oiseaux. La faute à la pluie bien sûr, mais aussi à l’alternance de production (une année sur deux) qui prévaut dans les vergers haute-tige, en particulier pour les fruits à pépins. Par chance, cette année impaire était placée sous le signe du repos pour la plupart de nos pommiers : la pluie leur a donc fait le plus grand bien, ils ont poussé comme jamais et j’imagine que l’an prochain ils ploieront sous le poids des pommes.

Un pommier pourtant fait bande à part : de la variété Calville, il se couvre de fruits rouges quand les autres se reposent. Comme ce sont des pommes de garde, nous avons mis les plus belles à la cave, mais la plupart étaient tellement petites que nous avons sorti le pressoir. Et chaque fois, c’est un grand moment de bonheur… Depuis 20 ans, nous sortons ce bel outil quasi chaque automne pour mettre en bouteilles entre 20 et 100 litres de jus, c’est selon. Ça prend un temps fou, ce n’est pas du tout « rentable » si on le compare à l’efficacité d’un pressoir collectif où nous pourrions apporter nos pommes, mais le plaisir d’être en famille ou entre amis au jardin dans les lumières d’automne et de savourer notre propre jus n’a que faire de ce genre de considération!

Voici les étapes de notre modeste production :

Collecter
Après avoir secoué les arbres, on ramasse toutes les pommes qui ne sont pas trop véreuses ou abîmées. Si elles sont sales, on les lave dans la brouette et si elles sont grosses, on les coupe en deux avant de les passer au broyeur.

 

 

Broyer
Hacher les pommes en menus morceaux est indispensable pour en extraire le jus. Nous utilisons un broyeur manuel que l’on fixe avec des serre-joints sur la table de jardin. Dans le cas du raisin, on foule plutôt les baies avec nos pieds ou nos mains avant le pressage.

Presser
La pulpe obtenue est déversée dans ce pressoir d’une capacité de 65 litres. Quand le contenant est plein, on couvre de cales, et on peut commencer à actionner le pressoir mécanique à cliquet. Le rendement oscille entre 25 et 45 l par pressée selon les variétés de pommes. Le coût d’un tel pressoir est d’environ CHF 600.- : un investissement conséquent mais qui peut aussi se partager entre amis ou à l’échelle d’un quartier.

Filtrer
On met de suite le jus en bouteilles (à fermeture en céramique ou à vis) en le filtrant sommairement avec une passoire, une précaution très utile quand les insectes sont de sortie. Cette année bizarrement, aucune guêpe n’était au rendez-vous.

Pasteuriser
On chauffe les bouteilles au bain-marie, jusqu’à ce que le jus atteigne la température de 80 °C, (contrôle au thermomètre) . Quand c’est fait, on retire les bouteilles de la casserole, on les ferme et on les couche jusqu’au refroidissement.

Rincer et ranger
Çà c’est l’étape qu’on apprécie le moins, mais il faut y passer car il y a tout qui « pedze » autour de nous! C’est la condition pour garder son matériel en bon état durant de nombreuses années encore.

Cette année 2021, en une demi journée, nous avons rempli 25 bouteilles de jus de pommes et 8 de jus de poires (avec un pressoir en version 10 L). Un millésime pas vraiment exceptionnel, un peu râpeux dans la bouche, mais que nous apprécierons plus que jamais aux prochains apéros !