La sécheresse a aussi du bon. Du côté du séchoir solaire en tous cas, ça baigne depuis des mois ! Jamais notre vieux caisson bricolé maison n’aura autant été mis en service : quasi tout l’été, il a pu suivre la courbe du soleil sans qu’il y ait l’ombre d’un nuage… Les amélanches, groseilles, cerises et cassis ont ouvert le bal, talonnés de près par les framboises, les mûres et les arones. Puis est venu le tour des physalis et des mirabelles. En attendant les pêches, qui commencent tout juste à mûrir, ce sont aujourd’hui les raisins, prunes et poires qui se déshydratent lentement mais sûrement sur les grilles ventilées par l’énergie du soleil, gratuite et renouvelable. Résultat: des bocaux remplis de pépites sucrées, véritable concentré de nutriments, qui accompagnent agréablement nos céréales du matin, apéros et randonnées sportives.
Comment ça marche ?
A quelques nuances près, le principe est le même pour tous les types de séchoir solaire:
Le soleil chauffe un « absorbeur », soit un caisson incliné dont le fond est garni d’une tôle sombre et dont le couvercle est transparent (verre, plexiglas ou acryl). L’air y pénètre par le bas, s’échauffe, s’élève et ressort via un second caisson horizontal, plus petit, le « collecteur », qui dirige l’air vers des grilles de séchage superposées. Pour être efficace, l’absorbeur doit toujours être orienté en direction du soleil, ce qui implique quand même, dans ce concept low tech, une certaine manutention et disponibilité de la part des jardiniers. Avec un séchoir solaire, les aliments sèchent à une température comprise entre 30 et 50 °C, ce qui est idéal en terme de texture et de conservation des vitamines.

Construit il y a plus de 10 ans, notre séchoir solaire s’inspire directement du modèle proposé encore aujourd’hui par Solemyo, une association suisse spécialisée dans la cuisine solaire. Les plans précis sont disponibles dans le manuel «Séchoir solaires, construction et utilisation», publié aux éditions La Plage. Nous l’avons toutefois légèrement modifié en adaptant l’ouverture du collecteur aux grilles rondes d’un séchoir électrique : si le temps se gâte, cela permet de poursuivre le séchage à l’intérieur, soit en branchant la prise (alimentée par les panneaux solaires du toit), soit en disposant les grilles au dessus du poêle à bois (lire «séchage au coing du feu») pour autant qu’il soit déjà allumé…Ceci dit, ce modèle a aussi des inconvénients : il est encombrant, peu maniable, mais surtout, il ne permet pas de sécher une grande quantité de fruits à la fois…
Du coup, nous projetons de construire durant les longs mois d’hiver un nouveau séchoir solaire, en suivant cette fois les plans et les conseils de Joseph Chauffrey et Vincent Bourges, dont le manuel «Je construis mon séchoir solaire» vient de paraître aux éditions terre vivante. Tous deux ont uni leurs compétences de jardinier permaculteur et d’artisan low-tech pour mettre au point un séchoir solaire qu’ils ont largement testé et qui semble diablement efficace. Outre le séchage classique des fruits, légumes et herbes aromatiques, on peut même y obtenir des cuirs de fruits en 15 -20h contre 8-10 h dans un four classique. Les concepteurs proposent aussi une version hybride, équipée d’une résistance chauffante électrique, qui permet de poursuivre le séchage même par mauvais temps.

Que peut-on sécher?
Tout ce qu’on veut! Mais c’est évident que les fruits et légumes gorgés d’eau mettent plus de temps à sécher que les autres. Le temps de séchage peut aller de un à trois jours en fonction du type de fruits et de la météo. Les groseilles, cassis, arones et amélanches sèchent très rapidement. Les framboises sont moins concluantes que les mûres et les fraises car elles deviennent très légères et poreuses au séchage. Je coupe en deux et dénoyaute les cerises et les prunes avant de les étaler sur les grilles, et je pique avec un cure-dent les tomates cerises et les petits physalis (cerises de terre) pour qu’ils se déshydratent plus vite. Faute de place sur les grilles, je n’ai pas encore testé les chips de légumes, mais je compte bien mettre ça au programme l’an prochain! En attendant, je fais des guirlandes de courgettes: coupées en tranches et étendues sur un fil au soleil, elles sèchent très rapidement et peuvent se conserver sous cette forme très longtemps. Leur consistance un peu caoutchouteuse donnera du corps aux potées de l’hiver!
Comment et où stocker les fruits secs ?
Ne laissez surtout pas vos fruits secs à l’air libre pendant quelques jours avant de les stocker, car si une mite des céréales passe par là, vous aurez la mauvaise surprise de découvrir ses ravages dans quelques semaines ou quelques mois au fond des bocaux…Dans le même ordre d’idée, évitez les boites métalliques, pas assez étanches à l’appétit des insectes. Pour ma part, j’opte actuellement pour des bouteilles ou des bocaux en verre, à vis ou avec un bon caoutchouc. Et plutôt que de les oublier au fond d’une armoire, je préfère les exposer sur les étagères de la cuisine, toujours à portée de main de nos envies gourmandes…
