Bien sûr, ce n’est pas encore la saison des petits fruits: leur récolte en mars tiendrait réellement du miracle. Mais admettez que pour vous inviter à lire la suite, qui plus est par cette grisaille, cette photo est bien plus aguicheuse que celle d’un bout de bois avec deux-trois bourgeons sur lesquels j’ai toutes les peines à faire la mise au point ! La fin de l’hiver en revanche se prête merveilleusement bien à la multiplication des groseilliers, cassis et autres arbustes à petits fruits : on peut la mener en parallèle aux opérations de taille, quand les plantes sont encore au repos mais prêtes à se réveiller dare dare. Pensez-y car c’est le meilleur moyen de disposer en automne de quoi étoffer gratuitement et abondamment l’étage arbustif du jardin-forêt et d’avoir sous la main de sympathiques cadeaux à offrir aux amis.
Le bouturage
Simple et efficace, c’est la méthode que je préfère : en gros, on coupe une branche, on l’enterre et elle prend racine ! Ça marche quasi à tous les coups avec le saule, même quand on ne lui a rien demandé, mais cela vaut la peine de prendre quelques précautions quand le geste est délibéré.
Voici la marche à suivre :
- prélever à leur base des jeunes rameaux de l’année précédente, du diamètre d’un crayon : ce sont des pousses rectilignes, non ramifiées et à écorce plus claire ,
- de haut en bas, couper au dessus d’un bourgeon des tronçons d’environ 20 cm (la taille d’un sécateur)
- enterrer ces boutures par 2 ou 3 dans des pots remplis de bonne terre ou en pépinière semi-ombragée en laissant dépasser 2 ou 3 bourgeons. Selon l’écartement des bourgeons, 1/3 à la moitié de la bouture sera enterrée. On peut bien sûr aussi planter directement les boutures à leur place définitive, mais il ne faut pas oublier d’aller les arroser régulièrement au cours de l’été.
- Arroser, couvrer le sol (carton, BRF, feuilles mortes, …) et désherber régulièrement jusqu’à la fin de l’été
- En novembre, déterrer ou dépoter les jeunes pousses qui se sont bien enracinées. On peut les installer par deux ou 3 pour avoir plus rapidement un beau buisson ou les planter séparément.
Le bouturage fonctionne particulièrement bien avec les groseilliers (à grappes et à maquereaux), le cassis, le caseillier et la vigne. Avec l’aronia, c’est plus difficile et avec l’amélanchier, j’ai carrément renoncé !
Le marcottage
Vous avez des ronces dans votre jardin? Alors vous comprendrez vite ce qu’est une marcotte car cette plante illustre à merveille le procédé : ses longues tiges souples s’enracinent très facilement quand elles touchent le sol, ce qui permet à la ronce d’agrandir rapidement son territoire.
Le marcottage consiste à profiter de cette faculté naturelle en enterrant volontairement (au printemps ou en été) le milieu d’une branche souple de l’année encore attachée à son pied-mère. Quand elle aura bien pris racine, il suffira de couper la branche en amont des racines, puis de déterrer la marcotte pour la replanter ailleurs.
Les ronces avec ou sans épines, les groseilliers à maquereaux, les Tay berries et autres spécialités anglaises à rameaux souples se prêtent particulièrement bien à l’exercice. Les fraisiers se multiplient aussi par cette technique, sauf que ce sont leurs stolons qui se marcottent !
Prélèvement de drageons
Pour cela , il faut des plantes qui drageonnent et dans la catégorie des petits fruits, le framboisier en est le meilleur exemple. Il produit de nombreux drageons, ou autrement dit, des pousses qui partent de tiges souterraines, souvent même assez loin du pied. Rien de plus facile qu’un coup de bêche pour prélevez les jeunes pousses saines et vigoureuses qui sortent du rang ! Soyez quand même suffisamment délicat pour garder un maximum de terre autour de la motte : le framboisier a les racines fragiles et supporte mal de les garder à l’air trop longtemps.
Super article avec conseils et modes d’emploi très clairs. Toujours un plaisir à lire! Merci Aino