«La pluie, c’est finiiii…» chantait mon mari avec un trémolo nostalgique il y a 5 jours à peine, alors que l’orage venait de contourner une énième fois notre jardin. Car question précipitations, le pied du Jura est particulièrement mal loti: les nuages venus d’ouest se déchargent de l’autre côté du massif, les orages éclatent au sommet des montagnes et dans le meilleur des cas, nous ne recevons que trois gouttes qui filent aussitôt dans les profondeurs morainiques quand elles ne s’évaporent pas avant même de toucher le sol. Ce peut-il donc que Christian ait chanté faux au point que le ciel lui ait répondu ce week-end ? Ou est-ce parce que, lassés de trimbaler des arrosoirs dans une chaleur tropicale, nous venons d’investir dans des dizaines de mètres de tuyaux microporeux pour irriguer les potagers? Quoi qu’il en soit, la pluie nous a rendu le sourire et, si si , je vous promets que tout le jardin se trémousse de bonheur sous les gouttes tant attendues.

La canicule peut bien revenir, nous voilà parés pour l’affronter un peu plus sereinement. Nos citernes d’eau de pluie (lire billet du 21 septembre 2018) se sont à moitié remplies et quand elles seront vides, l’eau du réseau pourra prendre le relais via les longs tuyaux noirs qui gouttent sur commande, grâce à un programmateur électronique (lire encadré ci dessous). A vrai dire, cette résolution ne s’est pas faite de gaieté de cœur. Plus pour une question de principe que de coût, car en permaculture, on apprécie l’autonomie. Nous avons déjà testé le nouveau système d’irrigation la semaine dernière, quand les températures ont battu des records . Chaque matin à l’aube, les planches surélevées ont été arrosées pendant une demi-heure.  En quelques jours à peine, le potager a repris du poil du légume. Ya pas photo: les plantes ont besoin d’eau pour pousser.

Les arrosoirs, je les utiliserai encore, car les tuyaux ne passent pas tout partout. Je les porterai même un peu plus loin. Jusqu’au kiwi qui agonise au pied du cerisier, jusqu’à la clématite qui s’est racrapotée sous la tonnelle. Pour les pommiers et pruniers hautes-tiges, nos tuyaux et arrosoirs sont complètement dérisoires. Les muriers, figuiers, pêchers de vigne et plaqueminiers affichent une bien meilleure mine. L’avenir du jardin reposera peut-être sur ce genre de durs à cuire. Ou sur les vocalises de Christian au prochain orage annoncé.

Texte(s): Aino Adriaens
Photo(s): Aino Adriaens