Cette semaine, mon billet fait honneur aux petits fruits rouges sur lesquels chacun se précipite ces jours-ci au jardin. Car il faut faire vite. Les limaces guettent. Et les merles. Et la pourriture. Mais surtout, il y a les autres membres de la famille, qui discrètement font disparaître la belle fraise que vous convoitiez, mais que vous ne jugiez pas encore assez mûre… Trop tard. Elle n’y est plus et le coupable rigole. Autant dire que je n’en ferai pas de la confiture cette année, pas plus que l’an passé. Chez nous les fraises se mangent à la dérobée et c’est d’ailleurs comme ça qu’elles sont les meilleures.
Dans la serre, la maraude n’est pas très discrète: les fraises sont suspendues dans une « gouttière » en vanneriefaite maison il y a deux ans, avec des branches de viorne, de clématite et de noisetier . Leur couleur est une invite à la gourmandise mais leur goût est terriblement décevant, et je leur préfère de loin les maras des bois qui poussent au bas du jardin dans d’anciens bacs à sable ou les fraises des bois qui tapissent les buttes de notre jardin-forêt. En moins d’une année, les fraisiers ont presque totalement recouvert le pied des pommiers, groseilliers, aronias, et baies de mai, et nous évitent ainsi un fastidieux désherbage tout en offrant leurs délicieuses pépites rouges. Plusieurs espèces de menthe, mais aussi la monarde poussent à travers leur feuillage, prêts à prendre le relais des floraisons estivales. Mais d’ici là, il y a encore de quoi se régaler car les fraisiers des bois sont encore autant en fleurs qu’en fruit. Vous n’en avez pas au jardin? Cherchez-les dans la nature! Et n’hésitez plus à vous en régaler au cours de vos promenades, car comme vous pouvez le liredans notre édition du jeudi 7 juin, il n’y a pas à craindre l’échinococcose du renard. Ou plutôt si: craignez-la! Il restera plus de fraises pour moi…
Texte(s): Aino Adriaens
Photo(s): Antoine Lavorel, Aino Adriaens