Vous vous souvenez de mes patates du 1er avril? Et bien ce n’était pas un gag! Cela a même plutôt bien marché, car les patates dont on se régale depuis une dizaine de jours sont gigantesques, voire même un peu trop si on se réfère au format standard des pommes de terre nouvelles! Jusqu’au dernier moment le suspens était à son comble, car un ami agriculteur nous avait averti que des plants en serre ne produiraient sans doute que des feuilles. Comme quoi, ça vaut toujours la peine d’essayer. Pour accompagner les patates, nous avons à choix des pois mange-tout, semés début novembre après les dernières tomates, du chou-fleur, des radis-raves, des poireaux, des salades du Canada et du Maroc, des oignons et du persil magnifique. Bref, je ne cache pas mon sourire derrière mes corbeilles de légumes et savoure de pouvoir en nourrir ma famille quasi 12 mois par année.
Bien sûr me direz-vous, c’est bien plus facile quand on a une serre. Tout à fait d’accord, mais cette chance est amplement méritée vu les difficultés administratives de l’entreprise! C’est d’ailleurs franchement regrettable que la démarche ne soit pas facilitée par ceux qui nous gouvernent. Quand il faut obtenir un permis de construire, s’acquitter de taxes communales, de l’inscription au cadastre, de l’assurance-incendie (si si! ) et de l’impôt foncier, on comprend vite pourquoi il n’y a pas plus de jolies serres en verre dans les jardins de Suisse romande. Ni de tunnels en plastique d’ailleurs, car sans être paysan, il est impossible de construire la moindre petite serre en terrain agricole, et on a rarement du terrain constructible à leur consacrer. Ma copine jardinière s’est même fait remonter les bretelles par les autorités communales à cause d’un minuscule abri à tomates…
Ceci dit, tous les végétaux qui remplissent notre assiette n’ont pas poussé en serre. Les salades plantées sur buttes en novembre sont denses à point et la coriandre qui s’est ressemée tout seule est déjà presque en fleurs. Les chips de chou kale sont délicieux et les feuilles du chou perpétuel de Daubentonse mangent aussi bien cuites qu’en salade. Quand auxbettes à tondre des Grisons, elles sont d’une douceur incroyable après avoir affronté les mois d’hiver. Et bien sûr, il y a aussi les sauvageonnes comestibles qui s’invitent là où elles peuvent: oseille des prés, alliaire, ortie, épiaire des bois, lierre terrestre….
Dans nos serres comme au potager, les semis et les jeunes plantons de légumes d’été attendent patiemment un peu de chaleur pour prendre la relève. Mais même si l’hiver revient en force, nous pourrons tenir le siège. Car il nous manque déjà des repas pour venir à bout de tout ce que le jardin nous offre.
Texte(s): Aino Adriaens
Photo(s): Aino Adriaens