Ça y est, la fièvre du jardinage s’est emparée de nous ! Gaël taille, Antoine creuse, Christian broie et scie, je sème et plante à tour de bras et chacun promène sa brouette sur des kilomètres. La pulsion est irrépressible : elle nous fait courir tout azimut, nous épuise et nous réjouit à la fois. La végétation suit le même rythme, dopée par l’allongement des jours, les rayons du soleil et le chant des oiseaux.
Dans les serres et sous abri, mes semis de février (colrave, radis, fèves) déploient leurs premières feuilles, mais cela fait déjà belle lurette que nous mangeons chaque jour de la salade du jardin. Il y a bien sûr la mâche, les épinards et les légumes asiatiques semés ou plantés à l’automne, mais il y a surtout une kyrielle de jeunes pousses en tous genres, qui surgissent où bon leur semble et tapissent le sol d’une verdure luxuriante ou prometteuse. Origine de cette génération spontanée? Relativement incertaine ! Elle provient de plantes sauvages et de diverses variétés de salades et légumes, que j’ai laissé monter en graines volontairement ou par distraction et dont j’ai parfois oublié le nom.
Apprendre à lâcher prise, intervenir seulement si nécessaire, laisser faire la nature au maximum : voilà sans doute un des bouleversements majeurs qu’a initié la permaculture dans notre gestion des serres, du potager et du jardin en général. Avec comme corollaire un développement conséquent de notre sens de l’observation. Car oui, il faut apprendre à les reconnaître, tout ces cotylédons qui se déploient, ces jeunes pousses qui prennent l’ascenseur. Réussir à distinguer parmi les feuilles de laitues et de pourpier d’hiver le luisant de l’arum ou le bleuté de la chélidoine, deux primeurs peu recommandables. Se décider à arracher la véronique qui se ressème toujours trop vite. Et apprécier à leur juste valeur les sauvageonnes savoureuses comme la cardamine hérissée, l’ail des vignes et la mâche sauvage qui pointent dans la mêlée. Rassurez-vous, l’apprentissage n’est pas trop laborieux, il se fait tout aussi spontanément, à force de curiosité et d’expérience.
La récompense ? Des mélanges de salades originales, des plantons en pleine santé, produits à la bonne heure et sans effort, prêts à être repiqués aux quatre coins du potager, des coquelicots aussi pour égayer les allées. Et le plaisir surtout de regarder les plantules pousser, dans ce bel élan d’énergie qui nous relie aux forces de la Terre.
Cardamine hérissée
Annuelle sauvage et précoce, au goût piquant de cresson
Véronique
Adventice qui se répand très vite. A arracher là où on sème!
Laitue et mâche sauvage
Aucune hésitation, ça ressemble à de la salade!
Pourpier d’hiver ou claytone de Cuba
Reconnaissable à ses feuilles en as de pique. A tondre et déguster
Ficaire fausse renoncule
Jeunes feuilles à inclure avec parcimonie dans les salades
Coquelicot
Comestible mais peu goûtue
Bonne lecture
Si vous n’êtes pas déjà abonné(e), courez au kiosque vous procurer le dernier numéro des Quatre Saisons ( terre vivante), car il est justement consacré aux semis spontanés ! Vous y trouverez de belles illustrations des plantules les plus courantes et les conseils avisés de Joseph Chauffrey pour apprendre à les identifier.
Merci Aïno pour votre blog sur les semis non contrôlés que j’ai bien aimé lire.
Pour ma part, je cueille les jeunes feuilles de ficaire qui sont savoureuses et très riches en vit C. Ajoutées aux salades en petites quantité, elles sont inoffensives.
Quant aux rosettes de coquelicot, elles ont bien leur place dans une salade sauvage par leur texture tendre et leur saveur douce dans la bouche.
Elles sont traditionnellement cueillies dans le sud de la France.
Au plaisir de venir une fois visiter votre jardin.
Françoise Marmy
Bonjour Françoise, quel plaisir de te retrouver sur le site d’Aïno. J’étais venue faire un cours chez toi il y a au moins vingt ou trente ans… puis tu es venue chez nous et nous avions échangé tes conseils pour connaître les plantes sauvages de notre jardin contre un cours de sophrologie. Je suis toujours en train d’apprendre, j’ai suivi une journée chez Aïno, ça vaut le déplacement, c’est un endroit magnifique et j’y ai adoré l’atmosphère de ma jeunesse😊 Je dois dire qu’avec la permaculture et mes plates-bandes recouvertes, il n’y a pas grand chose qui traverse, je devrais probablement refaire un cours dans son merveilleux Jardin Sauvage. Au plaisir de vous revoir toutes les deux.