S’il y a une petite bête que j’apprécie particulièrement au jardin ces jours-ci, c’est la taupe. Pas la taupe grise, alias campagnol terrestre, qui dévaste ce qu’il me reste de poireaux au potager, mais bien la taupe noire qui a le museau pointu et des pelles en guise de pattes. Celle-ci a élu domicile dans la pelouse et, peu encline à hiberner, érige tout azimut des pyramides dignes de la Vallée des Rois. Et je l’aime la coquine car elle me fournit là une terre grumeleuse à souhait, ni trop riche ni trop pauvre en matière organique, dénuée de racines et de graines d’adventices. Autrement dit, une base de substrat parfaite pour les rempotages et les semis.

Et en ce début de saison, il m’en faut du bon terreau pour remplir tous les godets et plaques de culture! Idéalement, un bon support de semis doit être léger, fibreux, bien drainant pour éviter les pourritures et contenir assez de nourriture (mais pas trop)  pour permettre la croissance des plantules tout le temps qu’elles resteront dans leur petit contenant. Dans le commerce, on trouve un large panel de terreaux proposés pour les diverses utilisations: terreaux pour semis ou rempotage, pour bruyères, plantes aromatiques… ou universel pour se simplifier la vie. Les substrats conventionnels sont généralement à base de tourbe (ce qui contribue à la destruction des tourbières) et enrichis de fertilisants chimiques, les bios font la part belle aux fibres de bois et de coco et au compost. L’idéal bien sûr – et le plus économique- est de préparer son terreau soi-même en mélangeant les différents matériaux dont on dispose au jardin.

Pour ma part, je prends comme base une bonne part de terre tamisée du jardin (30 à 60 %) : elle contient déjà des nutriments et est chez nous naturellement sableuse, donc bien drainante. Contrairement aux terreaux stériles du commerce, elle apporte également une multitude de microorganismes locaux, bactéries, amibes, spores de champignons mycorhiziens,… bénéfiques au développement et à la santé des jeunes plantes. Pour les rempotages, j’y rajoute du compost plus ou moins bien tamisé, issu des déchets de la cuisine et du jardin, un peu de marc de café et selon les cas, du compost de toilettes sèches. Pour les semis par contre, je me suis résignée à compléter ma terre avec un terreau bio universel ou pour semis, car je passai trop de temps à arracher les adventices issues de notre compost: ces indésirables (orties, chiendents pied-de-poule,…) y poussaient plus vite que les légumes espérés! Dans deux ans, j’espère pouvoir utiliser exclusivement le compost issu du gros tas de feuilles mortes que j’ai amassées l’automne dernier: il paraît que c’est le substrat idéal pour semis en tous genres. 

D’ici là, les taupinières sont une aubaine dont je profite allègrement. Dans la serre, les plaques de culture (laitues, colrave, chou rouge, chou fleur, brocolis, poireaux…) se multiplient au rythme des travaux miniers de ma taupe préférée. Inlassablement, elle me gratifie chaque matin d’un nouveau monticule que je m’empresse de prélever avant qu’un renard ne vienne le disperser. Honnêtement, j’appréhende quand même un peu le moment où ses galeries s’effondreront sous mes pas. Et je me demande avec quoi je boucherai ces tranchées. Mais bon, chaque chose en son temps.

Bonne lecture

Pour en savoir plus sur les terreaux idéaux et les différentes techniques de multiplication des plantes (semis , division, bouturage) , je vous recommande ce livre de Brigitte Lapouge-Déjean et Serge Lapouge paru aux éditions terre vivante. J’y ai notamment appris que saupoudrer la surface du terreau avec du charbon de bois est efficace pour lutter contre les maladies cryptogamiques qui guettent les plantules (pourriture, fonte des semis). J’ai testé et ça marche!