La petite piqûre de rappel envoyée fin janvier par l’association Rétropomme à ses membres m’a fait de l’effet. Car c’est bien le dernier moment pour prélever et/ou commander les greffons des variétés fruitières que l’on souhaite multiplier au jardin. Pour ma part, les envies ne manquent pas et la place au verger non plus, puisque nous le densifions depuis trois ans déjà en plantant sous et en périphérie des arbres hautes-tiges de nouvelles strates de végétation, selon les principes du jardin-forêt et du verger permacole chers à Martin Crawford, Stefan Sobkowiak et Franck Nathié.

Pour être sûre de bien faire, j’ai commencé par visionner la vidéo des 4 Saisons « Je récolte et conserve mes greffons » qui indique la marche à suivre.  Je n’ai pas eu de peine à prélever quelques rameaux annuels de notre petit poirier nashi (Pyrus nashi). Ça a été plus difficile sur le néflier (Mespilus germanica) car il consacre chaque année toute son énergie à faire des fruits plutôt que des branches. Armée du sécateur, j’ai ensuite cambé la barrière pour aller dans le verger du voisin où, avec son accord, j’ai encore prélevé quelques pousses basses mais vigoureuses d’un infatigable vieux pommier, qui produit chaque automne sans défaillir des dizaines de kilos de fruits. Grâce à la bible des anciennes variétés romandes, je crois pouvoir l’identifier sous le nom de  pomme bovarde, une variété dont la saveur se bonifie au cours de l’hiver. Cela doit bien faire 10 ans qu’on envisage de multiplier ce patriarche avant qu’il ne s’effondre. Cette année enfin, ce sera fait!

En attendant la greffe, il est important de conserver les greffons soigneusement étiquetés dans un coin froid, humide et à l’abri du gel. On peut les entreposer au jardin, au pied d’un mur par exemple, mais ça me paraît plus sûr de les enrouler dans un papier humide, puis de les glisser dans un sac en plastique, à fermer hermétiquement et garder au frigo.  Les néfliers seront greffés sur de jeunes aubépines qui poussent dans la haie. Les rameaux de nashi et de bovarde, je les emporterai le 9 mars prochain au cours de greffage donné par Rétropomme au verger conservatoire de Pierre-à-Bot (NE). Ce sera l’occasion d’une seconde piqûre de rappel, car j’ai déjà greffé mais ne pratique pas assez souvent pour être habile. J’en profiterai aussi pour récupérer les portes-greffes et greffons de poirier que j’ai commandés: Culotte suisse et Sept-en-gueule, rien que leur nom me fait déjà sourire!