Ce billet s’adresse à toi, ami jardinier compagnon d’infortune, à vous, tomatoholique anonyme, qui comme moi avez assisté impuissant à l’agonie de vos plus beaux plants. Mais il s’adresse à vous aussi, jardiniers chanceux ou émérites qui pavoisez aujourd’hui encore devant vos fruits rougissants.
Je tenais à vous annoncer que, YOUPIIIE, j’ai enfin réussi à faire le deuil de mes tomates ! Cela n’a pas été facile. Il m’a fallu du temps, beaucoup de temps. Presque un mois avant que je puisse en parler sans avoir la boule au ventre et la tenaille au cœur. Sans que je ne me couvre de reproches avec des « j’aurais dû » et des « j’aurais pas dû ». Sans que je songe à me réorienter vers un loisir émotionnellement plus paisible, comme la collection de timbres ou le patchwork.
Bref, cela s’est très mal passé. Fin juillet, je pensais pourtant avoir échappé au pire malgré les pluies incessantes qui avaient précédé notre retour de vacances. Le soleil semblait d’ailleurs revenu pour de bon. Que nenni! Tapis sur le sol ou naviguant aux quatre vents, le champignon attendait son heure. Trois jours de pluie supplémentaires et une nouvelle chute des températures lui ont ouvert une voie royale. Les blessures de la grêle de juin et mes quelques coups de sécateur sans doute aussi. L’attaque du mildiou, Phytophthora infestans pour les intimes, a été fulgurante et dévastatrice. Du jour au lendemain, le feuillage de mes 15 variétés d’anciennes tomates s’est racrapoté lamentablement, tiges et pétioles se sont constellés de larges taches sombres. 24 heures plus tard, la messe était dite et le spectacle affligeant. Pour y échapper, je me suis enfuie du jardin.
A la mi-août, j’ai pris le taureau par les cornes et arraché tous mes plants avec un immense soulagement. Pas de vengeance par le feu: tout a fini au compost. A mon sens, détruire les plantes malades est une précaution inutile car les spores du champignon sont déjà omniprésentes dans le sol et les airs. Ce n’est que si les conditions ambiantes lui sont favorables que le mildiou pourra germer et se propager rapidement. D’ici au prochain été pourri, je compte sur les micro-organismes de mon sol très vivant pour détruire ou concurrencer les espèces pathogènes.
Après avoir fait place nette sur les buttes, mon moral a repris l’ascenseur. Les plants de tomates masquaient des haricots nains, maïs pop-corn, celtuces, choux de Bruxelles, kale et flower-sprout que j’avais planté en juin autour d’eux. Leurs supports soutiennent désormais des brassicacées géantes et des physalis prometteurs. Et je regarde d’un œil ravi les arbres et les massifs qui eux aussi ont bien profité de la pluie. Quant aux tomates, tout n’est pas perdu. Il m’en reste quelques pieds dans la serre, indemnes, qui mûrissent au compte-goutte.
Morale de l’histoire? Et bien cela m’a fait le plus grand bien de partager avec vous mes déboires! Bloquée sur mes tomates, je ne savais plus trop quel sujet aborder sur ce blog. L’écriture a cela de magique et thérapeutique qu’à l’instant je me sens mieux : la page est tournée et je me réjouis de la suite.
Hello Aino, contente que tu aies trouvé la bonne solution pour faire le deuil de tes tomates ☺️ Ici, pour la première fois à 1300m, j’en ai mis dans la véranda. J’avais acheté un plan de Sibérie chez Zolliger et miracle, nous en avons déjà mangé cinq, religieusement 😂 elles sont petites et délicieuses. J’ai très vite enlevé les feuilles qui touchaient la terre et je n’ai pas eu de mildiou, pour autant que l’on puisse attraper cette cochonnerie dans un grand pot presque toujours à l’intérieur. Je te souhaite un bel automne 🌺