Hérisson, es-tu là?

« Vous avez des hérissons au jardin ? » Pas toujours facile de répondre de façon sûre et certaine à cette question récurrente quand on n’a pas de chat, et donc de croquettes, susceptibles d’attirer chaque soir le petit noctambule ou si on dort à poings fermés tandis qu’il déambule au jardin. Pour en avoir le cœur net, il existe un moyen low tech très efficace: le tunnel à empreintes.

Kesako? Il s’agit simplement d’une longue boite ouverte aux deux extrémités dans laquelle on dispose un appât, un tampon encreur et des feuilles de papier. Attiré par les friandises, le hérisson traversera le tunnel en signant les pages blanches de ses empreintes. Mis au point à des fins scientifiques, ce dispositif a été largement mis à contribution pour recenser les hérissons dans les projets de sciences participatives coordonnés notamment par « Nos voisins sauvages » en Suisse et « Mission Hérisson » en France. Grâce à ces tunnels, on sait aujourd’hui que les hérissons ont tendance à déserter les campagnes dédiées à l’agriculture intensive pour se rapprocher des zones habitées, bien mieux achalandées en buissons, haies, cachettes et nourriture.

A défaut de trouver ce genre de piège à traces dans le commerce, on peut le fabriquer soi même. En s’inspirant du modèle triangulaire en carton utilisé par les enquêteurs suisses et les tutos trouvés sur le net, Gaël et Antoine se sont mis à l’ouvrage. Au carton d’origine, nous avons préféré des panneaux en fibre de bois (pavatex), dont nous avions une bonne réserve à l’atelier. Peu exigeante en matériel, l’affaire fût menée en un temps record (1h30) et le nouveau tunnel à empreintes opérationnel dès la nuit tombée. Comme le hérisson aime se balader truffe au sol le long des structures linéaires, le tunnel a été placé entre la haie champêtre et la pelouse, en l’arrimant bien avec des sardines. Puis, histoire de satisfaire notre curiosité scientifique, Antoine a rajouté non loin de là un espion nettement plus high-tech : son piège photographique. Le lendemain matin, on s’est précipité au jardin. Et bingo! Ça a marché…

Dès la première nuit, un hérisson s’est laissé prendre au piège, preuve en est les petites empreintes rondes, bien reconnaissables à leurs doigts écartés, abandonnées sur le papier blanc. La nuit d’après, rebelote, avec en bonus des traces de petits rongeurs et de la bave d’escargot. Plus aucun doute cette fois: nous avons bien des hérissons au jardin! Depuis cette belle histoire, qui s’est déroulée au mois de juin, nous voyons régulièrement la petite bête depuis notre lit d’été campé au jardin, à l’aplomb des étoiles.

Fabriquer un tunnel à empreintes

Mise en œuvre

• Scier puis assembler les plaques en triangle, en les maintenant ensemble avec des bouts de ruban adhésif renforcé. Rajouter un ruban sur toute la longueur du faîte, pour limiter les infiltrations d’eau
• Sur la plaque amovible intérieure, coller au centre des bandes de ruban à masquer : elles serviront de tampon encreur. Au milieu de cette même plaque, coller le couvercle de pot de confiture en guise de gamelle. Y déposer quelques croquettes (le but est d’appâter le hérisson, pas de le nourrir)
• Fixer deux feuilles blanches A4 de chaque côté du tampon encreur avec des trombones

• Préparer l’encre en mélangeant la poudre de charbon (ou d’ocre) avec de l’huile végétale, jusqu’à l’obtention d’une texture lisse et homogène. On peut utiliser un moulin de cuisine pour broyer du charbon de bois
• Badigeonner cette encre au pinceau sur le ruban à masquer, en deux lignes étroites situées de part et d’autre de la gamelle, sans toucher le papier
• Insérer la plaque amovible dans le tunnel et installer le tout au jardin, le long d’une haie, en arrimant le tunnel avec des sardines. Idéalement, on choisira une nuit sans pluie et on abritera le piège durant la journée pour lui assurer une longue vie.