On dit qu’en permaculture, chaque élément du jardin doit avoir plusieurs fonctions et chaque fonction doit être remplie par plusieurs éléments. Ce sont ces fameuses interactions qui permettent de gagner en efficacité et en résilience pour le bien-être de tous. Et bien voici une expérience menée cette année au poulailler qui illustre parfaitement la démarche: nous y avons planté nos courges! L’idée est simple:  les volailles engraissent les cucurbitacées via leurs crottes et, en échange, les courges, en grimpant sur la structure du treillis anti-prédateurs, leur offrent un ombrage particulièrement bienvenu pendant la canicule et, accessoirement, quelques feuilles tendres et une myriade de petits insectes attirés par tant de verdure.

En pratique, cela nécessite quand même quelques précautions. A commencer par protéger les jeunes plants de l’appétit des résidents. Après avoir planté en mai un planton de courge au pied de chaque pilier du poulailler, nous les avons entourés d’un cylindre de treillis d’environ 1 mètre de hauteur et 50 cm de diamètre, garni au fond d’une bonne couche de paille pour garder un peu d’humidité (hé hé, ici pas de limaces à craindre car les poules veillent!). Les tiges se sont hissées rapidement sur leur support mais leurs feuilles les plus basses ont été passablement malmenées par les paons et les canards, particulièrement habiles quand il s’agit de satisfaire leur gourmandise. Barbara, la canne de Barbarie, a aussi picoré une courge spaghetti qui a eu la mauvaise idée de grossir à sa portée: sa monnaie d’échange peut-être contre l’eau très fertile du  bassin des canards dont nous avons copieusement et régulièrement arrosés les jeunes plants.

Malgré ces petits ennuis de jeunesse, les courges ont prospéré et atteint le haut de la volière où elles se sont répandues à loisir, soutenues par le bois et le treillis, en formant tout l’été des guirlandes décoratives et rafraîchissantes. Bien sûr,  les lianes ont poussé en toute liberté et pas forcément aux endroits les plus accessibles. Pour récupérer les patidous et les  potimarrons vautrés sur la volière , ça va être sport! Mais heureusement la pente joue en notre faveur: une jolie partie de boules en perspective.

Texte(s): Aino Adriaens
Photo(s): Aino Adriaens