Novembre approche à grand pas, mais le potager et les serres ne désemplissent pas…ou à peine. En quelques années de permaculture, nous avons fait d’énormes progrès dans la gestion de l’espace et des cultures, si bien que même en cette saison, je trouve difficilement de la place pour semer et planter les salades d’hiver. Du côté des serres, les poivrons et les dernières tomates prennent leur temps pour mûrir mais, qu’elles soient jaune, orange, rouge, rose, noire ou verte à rayures comme la green zebra, elles sont encore savoureuses et embellissent nos assiettes. Celles qui sont dehors souffrent de l’humidité mais elles n’ont pas dit leur dernier mot. Idem pour les courgettes semées en juillet et dont les jeunes feuilles sont encore bien vertes.

Ceci dit, en cuisine, les légumes d’été cèdent peu à peu du terrain aux choux, aux betteraves et aux poireaux. Ils n’auront hélas pas à régater avec les navets que j’ai complètement ratés cette année, la faute aux altises et à nos vacances du mois d’août. J’en ai resemé en septembre mais je doute qu’ils parviennent à grossir beaucoup. On se consolera sans doute avec les poires de terre, qui à l’étage aérien ont pris des proportions gigantesques. Pour ce qui est des choux, on n’a pas à se plaindre, malgré quelques attaques de piérides, de Georges-le-paon et de Touffu-le-lapin. Les choux pointus sont énormes, ceux de Bruxelles prometteurs,  les choux plumes et de Daubenton exubérants. Avec les choux fleurs violets et jaunes, les colraves et les radis, j’ai préparé quelques bocaux de pickels, ou picallili belge, un condiment au vinaigre et épices qui accompagne à merveille les côtelettes de porc et les frites.  La choucroute est aussi au programme, mais j’ai d’autres urgence sur le feu, comme par exemple semer les pois mange-tout d’hiver, la moutarde rouge, la salade mizuna, planter encore quelques oignons  et préparer des couches chaudes dans la serre au fur et à mesure que de la place se libère. Sans oublier les plantations au verger qui commenceront dès novembre.

Bref, qui a dit que le jardinier se repose en hiver? Que la permaculture est du jardinage pour paresseux? Bien sûr, on apprend à lâcher prise, à tolérer les sauvageonnes, à désherber de façon créative (c’est l’expression favorite des  jardiniers du Possible et que j’adore!), mais il n’en reste pas moins du travail sur la planche si on veut devenir autonome en légumes toute l’année. Certes, le réchauffement du climat permet de prolonger d’un cran les cultures, mais c’est avant tout la diversité incroyable des cultures, le chevauchement et l’échelonnement attentif des semis et plantations qui fait toute la différence. Loin d’être une corvée, le jardinage est pour moi un plaisir qui titille en permanence ma curiosité. Et pour l’heure, je m’éclate et m’impatiente: vivement la fin des tomates, j’ai des pois et des carottes à semer!