Il y a de petites satisfactions dans l’existence, sur lesquelles on s’arrête volontiers. Celles qui consistent à mettre de l’ordre par exemple, et à l’apprécier le peu de temps que ça dure… A l’arrivée du printemps, je n’ai pas pour tradition de faire les «à-fond» dans la maison, mais telle une montée de sève, une irrépressible envie de remuer ciel, terre et poussière s’empare toujours de moi. Cette année, j’ai jeté mon dévolu sur l’étroit corridor qui mène au jardin, lieu de transit où les vestes s’entassent, les chaussures se décrottent, les sécateurs se perdent, les poches se vident et les pieds s’encoublent dans des bottes encore et toujours au travers du passage…

Il fallait faire quelque chose. Avec un enthousiasme communicatif, on s’est donc tous retroussé les manches pour évacuer l’inutile, rafraîchir les murs, poncer et huiler les cloisons, trier les pointures, jeter les gants troués, balayer dans les angles et dessiner un nouveau meuble.
Le foutoir indescriptible qui régnait sur des étagères trop larges et un portemanteau trop petit a cédé la place à une immense patère et à une étagère à tiroirs où dorénavant, chacun est censé ranger gants de travail, houlettes, cordelettes, chaussettes et autres menus outils dans le casier attitré. Les bottes et les godillots s’alignent sous les vestes à deux pas de la porte et nos chapeaux de paille s’accrochent en ribambelle juste sous le plafond. Quant au balai, j’ose espérer qu’il se fera à son clou et cessera de disparaître à chaque fois qu’on a besoin de lui.

L’an dernier, les coulisses des serres et du potager ont subi le même sort. Fini les piles de pots renversées, les pommes d’arrosoir sans domicile fixe et les bouts de ficelle dans tous les coins. En théorie du moins. En pratique, c’est une autre histoire : dehors comme dedans, le désordre a une fâcheuse tendance à profiter de notre incurable indiscipline. Peut mieux faire aussi du côté du râtelier à outils, constamment dépareillé. Je peste mais me console: le temps et l’effort que je consacre à courir après le râteau ou la pelle de bas en haut du jardin m’épargnent les séances de fitness et les jogging ennuyeux.

Pour l’heure en tous cas, je savoure le bonheur d’un vestibule joliment agencé, même si j’ai passé un bon moment à redresser les bottes et débarrasser la commode pour les besoins de la photo.

La marque rouge

Marre d’égarer sa houlette ou sa binette dans la terre ou les hautes herbes ? Optez pour la marque rouge ! Collé autour du manche de chacun de nos outils, ce ruban adhésif a permis d’en sauver plus d’un de l’engloutissement organique. En plus, c’est une bonne façon de les reconnaître quand on les prête à un voisin cleptomane…