Nous sommes sans doute un peu fous, mais terriblement heureux de l’être depuis que nous avons décidé de construire de A à Z et de nos mains, notre cabanon de jardin. L’idée nous a été soufflée par Dany, vieux paysan et gardien de la déchetterie communale, à qui je confiais début décembre notre difficulté à dénicher des vieilles poutres pour réaliser ce projet: «Mais il y a tout ce qu’il faut dans la forêt! Demandez donc aux forestiers de vous marquer quelques sapins. Si vous les couper à la bonne lune, votre cabane tiendra très longtemps!» Le bon sens avait parlé, en résonance totale avec les principes de la permaculture. Deux semaines après, nous recevions un plan pointant « notre » bout de forêt à 5 minutes du village, où un bucheron avait griffé pour nous une trentaine de perches de 20 à 30 cm de diamètre, dans une pessière à éclaircir.
La bonne lune, celle qui descend, c’était la semaine passée. Nous y sommes allés gaillardement, avec nos scies, nos haches et nos machettes, tels Buddy Longway et Indiana Jones, les chevaux et les chapeaux en moins. Notre fils Gaël, hyper enthousiaste, aurait tout abattu le même jour si nous n’avions pas un peu freiné son élan. Parce qu’on veut faire durer le plaisir de travailler en forêt en écoutant le pic noir. Et parce que couper les arbres n’est pas le plus difficile. Après, il faut encore transporter les billes de 5 et 8 mètres de long jusqu’au jardin, à l’aide de notre frêle remorque. Et surtout, il faudra les équarrir une à une, en alternant tronçonneuse, machette et rabot, pour façonner les poutres de la charpente. Les biceps de Christian sont déjà mis à rude épreuve. Quant à moi, je me réserve la transformation en mulch d’une montagne de branches de sapins, à répartir au jardin.
Autant dire que notre cabanon de 30 mètres carré n’est pas prêt d’accueillir toutes les activités ponctuelles auxquelles il sera destiné: atelier de vannerie et de sculpture, miellerie, salle de cours pour les formations proposées par La maison Nature, refuge pour nos ados, soirées « fondue », etc… Mais peu importe, nous prendrons le temps qu’il faut, car nous y trouvons du sens et du plaisir. Je ne manquerai pas de vous raconter régulièrement l’évolution du chantier. Et comme c’est mon premier billet de l’année, je ne peux que vous souhaiter à vous aussi de réaliser vos projets les plus fous et de savourer mille et un petits bonheurs, au jardin et ailleurs…