Chic j’ai reçu des sapins! Une petite annonce déposée sur la page facebook des habitants de mon village m’a permis de récupérer six sapins de Noël. C’est peu, mais c’est déjà ça qui ne finira pas à la déchetterie, où notre responsable communale n’en peut plus de faire évacuer les bennes de déchets verts. Pour ma part, la vue d’un gros tas de branches au jardin me remplit de bonheur, car j’y vois tout le mulch qu’on pourra en tirer pour pailler les cultures. Pour rappel, l’un des principes de base en permaculture est en effet de couvrir le sol en toute saison, ce qui permet à la fois de le fertiliser, de garder l’humidité et de limiter le développement des plantes indésirables.

L’air de rien, vu la taille de notre jardin, cela signifie que nous avons besoin d’énormes quantités de déchets végétaux pour couvrir le potager et les plantations entreprises au verger. A Estévenens (FR), les Jardiniers du possible(pp 18-19 de notre hors-série permaculture) en ont même fait la matière première de leurs buttes:  paysagistes-permaculteurs, ils récupèrent et broient les végétaux issus des travaux d’entretien, élèvent des andains gigantesques et y cultivent de magnifiques légumes. Tout est bon pour le mulch, même les laurelles et les thuyas pourtant si souvent décriés. Dans l’Aude (F), Philip Forrer utilise quasi exclusivement des aiguilles de sapin, car c’est sa principale ressource dans la forêt qui borde son jardin. Ne manquez pas d’aller voir une des nombreuses vidéos de son Jardin du Graal: le résultat est juste hallucinant.

Pour réduire nos déchets ligneux, nous utilisons un broyeur électrique à la fois efficace et peu bruyant. En moins d’une demi-heure, notre tas de sapins a rempli quatre grands sacs qui ont illico été déversés sur environ 10 m2 de plates-bandes. Heureusement, nous n’avons pas encore taillé toutes nos haies et il nous reste un gros tas de lierre à hacher menu. Je récupère aussi régulièrement et sans scrupules des cartons bruns à la déchetterie, dont j’entoure le pied des arbustes avant d’y mettre le mulch.  Et j’ai bon espoir qu’au delà des sapins, mes concitoyens penseront peu à peu à venir balancer leurs branchages dans notre jardin plutôt que dans la benne, même si je les encourage à les garder pour eux. Car les déchets verts, c’est un cadeau diablement précieux.

Texte(s): Aino Adriaens
Photo(s): Aino Adriaens