En avril, c’était inespéré, mais aujourd’hui nos réservoirs d’eau de pluie sont plein à déborder ! En tout une douzaine de mètres cubes sous forme de bidons en plastiques, barriques en chêne et cuves à boissons, récupérés au fil des ans, répartis au pied des gouttières et pour certains reliés entre eux par un savant système de vases communicants. N’empêche : ça ne suffit pas. Les sécheresses des dernières années nous l’ont péniblement enseigné. Du coup l’an dernier, nous avons innové…

Objectif ? Récupérer l’eau des toits bien sûr, là où elle ne l’était pas encore, notamment sous un appentis végétalisé. Mais surtout : remplir nos arrosoirs beaucoup plus rapidement qu’en faisant couler l’eau par un robinet. L’idée, directement inspirée de ma visite au petit jardin de Joseph Chauffrey, à Rouen (lire billet du 22 juillet 2019), est très simple : il s’agit de construire un contenant très solide en bois, d’environ 1 m³, en palettes ou tout autre bois de récupération, d’y ajuster une bâche et de le disposer sous la gouttière. Jusque là, rien de bien original me direz-vous. En fait, l’astuce la plus intéressante est d’introduire deux ou trois poissons rouges dans le bac : ils auront pour mission de boulotter toutes les larves de moustiques qui ne manqueront pas de s’y développer. Car c’est bien connu : les moustiques adorent les eaux chaudes et stagnantes, dénuées de prédateurs, ce qui transforme les réserves d’eau à ciel ouvert en pouponnières très convoitées.

En début d’été passé, nous nous sommes mis à l’ouvrage. Christian a créé le bac en assemblant des lames de sapin Douglas, fermement maintenues par des équerres en métal, car une fois rempli, la pression de l’eau y sera très forte. Au fond ? Rien du tout. Le bac sera posé sur une palette, elle-même posée sur des briques à même le sol. En guise de bâche: un plastique prévu initialement pour protéger du bois de feu des intempéries. Avant d’accueillir les poissons, il ne restait plus qu’à disposer au fond quelques tuiles arrondies en guise de cachettes, et de le remplir d’eau sans attendre la pluie. Sitôt fait, nos garçons se sont mis en quête de poissons rouges: il leur faudra pas moins de 3 heures pour en pêcher trois magnifiques spécimens dans un étang du voisinage, où ils prolifèrent mais restent très méfiants.

Une année plus tard, résultat des courses  :

  • Côté arrosage, ç’est très concluant car on gagne énormément de temps! La preuve ? Pour remplir un arrosoir de 10 litres, il me faut 45,36 secondes au robinet (pression faible sous les citernes d’eau de pluie), contre 4,55 secondes en puisant directement dans le bac à poissons. En plus, l’eau est à température ambiante et enrichie d’éléments nutritifs  (cacas de poissons) et de phytoplancton. Seul bémol : il faut remplir régulièrement le bac avec l’eau du réseau, à défaut de pluie suffisante en été.
  • Côté poissons, ça baigne également ! Ils supportent bravement les incursions de l’arrosoir et les fluctuations du niveau d’eau. Ils mangent tous les insectes qui se noient à la surface et, comme espéré, les larves de moustiques, si bien qu’on a nul besoin de les nourrir. Et enfin, ces champions des conditions extrêmes survivent sous une épaisse couche de glace : au dégel, ils sont réapparus à la surface plus fringants que jamais.

En d’autres termes, nous sommes ravis ! Au point qu’en mars dernier, Gaël s’est attelé à la construction d’un réservoir deux fois plus grand, en carrelets épais, destiné à recueillir les eaux du toit de notre nouveau cabanon. Mais pas que… Il servira également de baignoire estivale, poissons et nénuphars compris, et depuis quelques jours, je songe à y introduire une île flottante où je ferais bien pousser quelques légumes hydrophiles. Affaire à suivre….