C’est un cri du cœur. Un cri d’espoir ou de désespoir, selon mon humeur du moment ou les dernières nouvelles du front. A l’approche des votations visant à interdire les pesticides, le débat fait rage dans nos campagnes, ou plutôt le non-débat si j’en crois la déferlante de « 2x NON » qui inonde champs et villages, arrachant sur son passage les rares « OUI » qui osent se manifester sans crainte de représailles.

Pourtant l’enjeu est de taille. Il scellera le sort des hirondelles, des papillons et des abeilles. Il décidera de la qualité de l’eau, qui condamne aujourd’hui les rivières. Il mettra dans la balance la santé de nos écosystèmes, et la nôtre par la même occasion.

Pour moi et ma famille, c’est une évidence mais aussi une urgence: ce sera…

OUI pour le sol et ses milliards de petites bêtes, amibes et bactéries, vers et champignons, mille-pattes et moucherons,… maillons essentiels du cycle de la vie et gage de la santé des plantes que nous mangeons.

OUI pour le tarier, la fauvette et l’alouette qui ont déserté les plaines agricoles, faute d’insectes à se mettre sous le bec. Mais aussi pour tous les oiseaux qu’on disait familier et la biodiversité ordinaire que nos petits-enfants risquent de ne plus connaître.

OUI pour les épeires diadèmes, qui même dans notre jardin sauvage, ne campent plus entre les hautes herbes. Afin que leurs toiles géométriques scintillent à nouveau, perlées de rosée dans les petits matins d’automne.

OUI pour les abeilles. Les nôtres et les sauvages, indispensables entremetteuses des fleurs amoureuses. Doit-on considérer normal qu’elles ne retrouvent plus leur chemin, chargées d’un pollen jaune doré qui aurait dû leur faire du bien ?

OUI pour une eau saine au robinet, dans les nappes et les rivières. Pour les pêcheurs et les poissons, pour les salamandres et les nourrissons. Pouvons-nous tolérer d’avoir ancré dans nos cellules des toxines au nom imprononçable, sinistre cocktail un jour ou l’autre explosif *?

OUI pour nos enfants et nos petits-enfants, à qui nous empruntons cette terre et qui ne méritent pas qu’on la leur gâche à ce point.

Imposé depuis plus de 60 ans par les politiques et l’industrie agro-chimique, le chemin que nous suivons mène au désastre écologique et affecte notre santé au quotidien. Le 13 juin, les Suisses ont l’occasion inespérée d’opter pour une nouvelle voie, exempte de pesticides de synthèse. Des milliers de paysans, maraîchers, vignerons, horticulteurs et jardiniers ont déjà prouvé que c’est possible. Pourquoi une telle réticence à leur emboîter le pas? Tôt au tard, il n’y aura pourtant pas d’autre choix. Le parcours sera bien sûr un peu moins confortable, mais tellement gratifiant et pétillant de vie. Et dans 10 ans, nos enfants nous diront simplement: MERCI.

 

* Il y a deux ans, nous avons fait l’analyse des cheveux proposée par le magazine Bon à Savoir. Résultats: pour moi deux insecticides, un herbicide et un anti-parasitaire pour le bétail (!) . Et pour notre fils Gaël, alors apprenti à l’école d’horticulture de Lullier: 4 insecticides, un fongicide et 1 herbicide…. Et nous vivons pourtant au pied du Jura, pas dans la zone des grandes cultures…