Dans le verger, les plantations se poursuivent au gré des opportunités pour remplacer peu à peu l’herbe par des vivaces comestibles. Avant qu’on ne s’intéresse à la permaculture, nous étions passablement frustrés de ne plus avoir de place pour planter de nouveaux fruitiers hautes-tiges. La découverte du concept de jardin-forêt ou forêt comestible, expérimenté brillamment par Martin Crawfordet Patrick Whitefielden Grande Bretagne, ou encore Stefan Sobkowiakau Québec (haie fruitière), a complètement changé la donne. Bon sang mais c’est bien sûr: à quoi bon garder un verger enherbé alors que nous n’avons pas de grosses bêtes pour en profiter et l’entretenir?!!
En2016, nous avons donc planté des petits fruitiers en fuseau, puis rajouté des groseillers, amélanchiers, aronias, baies de mai (Lonicera kamtschatica) et baguenaudiers (Colutea arborescens, fixateur d’azote) sur quelques nouvelles buttes, à deux pas des grands arbres. De la menthe et des fraisiers des bois y font office de couvre sol. Comme il restait encore pas mal de place, j’ai installé ce printemps des poires de terre ou yacon, des consoudes – idéales pour le mulch-, des tomates-buissons, du raifort et des aromatiques. La croissance se passe plutôt bien, et nous sommes particulièrement surpris par la poussée des jeunes arbres, malgré le printemps hyper sec. Le carton, les écorces et les plantes aromatiques qui couvrent leur pied y sont sans doute pour quelque chose.
Cet été, j’ai encore rajouté un abricotier, des pieds de vignes, quelques pruniers mirobolants et une kyrielle de vivaces issues du jardin-forêt de Hubert de Kalbermatten, permaculteur et pépiniériste valaisan. A force de potasser les bouquins et les sites dédiés à la permaculture, j’ai aussi découvert de nouvelles espèces originales que mon fiston Gaël, apprenti horticuleur à Lullier, a pu dénicher dans son école. Il y a par exemple l’arbre à faisan (Leycesteria formosa), un très joli arbuste dont les fruits ont paraît-il un goût de caramel, le citronnier épineux (Poncirus trifoliata ) ou encore le caraganier de Sibérie (Caragana arborescens), mellifère et fournisseur d’azote. Dans le catalogue d’Häberli, j’ai craqué pour un poivrier du Sichuan ( Zanthoxylum simulans), un raison-datte et je me tâte encore pour le murier noir (Morus alba var. nigra). Au vu du réchauffement climatique, autant anticiper la métamorphose de notre environnement végétal… Comme je ne suis pas pressée et ne dispose pas non plus d’un budget illimité (qui finirait d’ailleurs en partie dans l’estomac des campagnols), je récolte des graines, récupère des noyaux, multiplie les vivaces, soigne des boutures et compte aussi sur les échanges entre jardiniers pour meubler le verger. L’été passe très vite et c’est bien dommage, mais n’empêche… je me réjouis déjà de toutes les plantations qui se profilent à l’automne!
Texte(s): Aino Adriaens
Photo(s): Aino Adriaens