Cela fait un bon moment que je ne vous ai plus parlé du cabanon que nous construisons de A à Z depuis bientôt deux ans. Le dernier billet date de janvier: il relate l’isolation des murs de planches avec du béton de chanvre. Les travaux ont pourtant bien avancé. Christian a posé une porte et des yeux-de-bœufs, cloué des lambris, construit la terrasse. Et ces jours-ci, avec l’aide de Gaël, il couvre les murs en chanvre d’un enduit de terre crue qui sent la fin de chantier. De mon côté, à la faveur de deux journées ensoleillées, j’ai ressorti les gros pinceaux pour terminer la peinture extérieure de la cabane.

Plutôt que d’acheter une peinture écologique toute faite et me prendre longtemps la tête à choisir une couleur sur un nuancier, j’ai décidé de la fabriquer moi-même, à partir de sacs de pigments minéraux ramenés du Lubéron (les ocres de Roussillon) il y a de cela bien longtemps. En pianotant sur le net, je n’ai pas tardé à trouver la recette de la fameuse peinture suédoise, simple et très bon marché: elle est composée principalement d’eau, de farine, de pigments, d’un peu d’huile de lin et d’un zeste de sulfate de fer en guise d’anti-moisissures et de mordant, qu’on se procure facilement en droguerie. Une fois tous les ingrédients réunis, j’ai sorti bec de gaz et grandes casseroles, fouet, balance et tablier, puis me suis mise à l’ouvrage.

La recette, trouvée sur le site d’esprit cabane est la suivante :

Ingrédients

  • eau
  • farine (blé ou seigle)
  • ocres ou terres colorantes
  • sulfate de fer* (en jardinerie ou droguerie)
  • huile de lin
  • savon noir liquide (ou Marseille)
  • marmite, fouet
  • cuillère en bois

Pour 10 litres de peinture Suédoise

  1. Dans une grande casserole, délayer 700 g de farine dans 1 litre d’eau puis ajouter encore 7 litres d’eau.
  2. Chauffer cette préparation à feu doux en la remuant pendant 15 minutes. Le mélange va se transformer en colle d’amidon
  3. Pigmenter cette colle végétale avec 2 kg de pigments, puis ajouter 200 g (ou 2 dl) de sulfate de fer.
  4. Chauffer la préparation à nouveau 10 à 15 minutes. Remuer avec un grand fouet pour bien incorporer le pigment et éviter que la peinture n’attache au fond de la cocotte.
  5. Verser ensuite 1 litre d’huile de lin qui donnera du mordant et de la résistance à la finition. Cuire à nouveau à feu doux pendant 1 quart d’heure, tout en remuant.
  6. Ajouter 10 cl de savon noir, cela favorisera l’émulsion de la peinture. Une fois refroidie, la peinture est prête. Rectifiez la consistance si besoin (normalement assez épaisse) avec un peu d’eau.

Rendement de la peinture suédoise = 3,2 m2/litre.  Cela veut dire que avec 10 litres de peinture on peut peindre : 32 m2 en 1 couche, 16 m2 en deux couches, 8 m2 en trois couches

Comme en cuisine, j’ai adapté cette recette à ma sauce en réduisant de moitié la quantité de pigments, histoire d’être sûre d’en avoir assez pour peindre en deux couches les 4 faces du cabanon et d’avoir un rouge un peu moins prononcé… La mixture, plutôt liquide, a été facile à appliquer et le résultat a dépassé mes espérances. A la première couche déjà, la peinture était très couvrante et, ce qu’il y a de sympa avec les ocres naturelles, c’est que leurs couleurs sont à la fois chaleureuses, lumineuses et paraissent changeantes selon l’inclinaison du soleil.

Appliquée durant l’été, la peinture a bien résisté aux UV, ce qui m’a encouragée à poursuivre le chantier le week-end dernier. Après de longues tergiversations sur la couleur des bords des fenêtres et des pignons de la cabane (on ne se refait pas), j’ai opté pour un pigment mocca « ombre naturelle ». Du coup, le cabanon a l’air un peu moins suédois, ce qui en terre vaudoise n’est, au final, peut-être pas plus mal…