Au verger et dans les haies les floraisons se succèdent à un rythme effréné, comme poussées par la bise qui ne faiblit pas depuis une semaine. Cornouillers, ragouminiers, pêchers, puis maintenant prunelliers, pruniers et poiriers s’en donnent à cœur joie, en misant sur les bourdons à fourrure épaisse pour assurer la pollinisation. Mais pour l’heure et à hauteur d’yeux, ce sont les étoiles délicates et immaculées des amélanchiers qui me font tourner la tête. Car je dois bien l’avouer : j’ai un faible pour ces arbustes élégants, au point d’en avoir ponctué tout le jardin !

En voilà les raisons :

  • Ils sont beaux en toute saison : couverts de fleurs blanches à 5 pétales au printemps, vert pomme en juin et flamboyant en automne, quand leurs feuilles ovales deviennent cuivrées. Leur écorce aussi est très belle en hiver.
  • L’arbuste, très aéré, ne prend pas trop de place et crée un ombrage agréable. Il aime le soleil, supporte très bien la sécheresse et résiste bien au gel. Il est parfait en situation isolée, en bouquets de deux ou trois pieds, ou dans une haie fruitière. Il sera moins compétitif dans une haie champêtre.
  • Les fleurs se métamorphosent à la fin du mois de juin en petits fruits délicieux, à peine plus gros qu’une myrtille. Les oiseaux les adorent et il vaut mieux mettre un filet si on tient à se servir avant eux ! C’est au jardin qu’on aime les manger, mais depuis deux ans, je commence à en avoir assez pour les confitures. Séchées au séchoir solaire, elles sont aussi très appréciées dans les céréales du petit déjeuner. Comme tous les fruits bleus noirs, les amélanches sont des bombes de vitalité et, au niveau du goût, elles détrônent largement l’arone, un petit fruit vanté pour ses propriétés anti-oxydantes, mais pour lequel personne ne se dispute au jardin, pas même les moineaux!

Au niveau des espèces, le choix est assez large. Il existe une espèce indigène, Amelanchier ovalis (parfois vendu sous son synomyme Amelanchier rotundifolia), qui pousse naturellement sur les coteaux secs et les garides. Il peut atteindre 3 mètres de haut, drageonne à la base et ses petites feuilles vertes apparaissent en même temps que les fleurs  On peut le trouver dans les pépinières qui proposent des arbustes indigènes (attention, les confusions avec les espèces américaines sont fréquentes) . Nous l’avons privilégiée au jardin, mais histoire d’étaler un peu les floraisons et les récoltes, nous avons aussi planté les trois autres espèces d’origine américaine, un peu plus vigoureuses, qui lui ressemblent à s’y méprendre mais dont les feuilles sont rousses et peu développées à la floraison.

  • L’amélanchier de Lamarck (Amelanchier lamarckii)
  • L’amélanchier du Canada (Amelanchier canadensis
  • L’amélanchier à feuilles d’aulnes (Amelanchier alnifolia) ou Saskatoon : feuilles un peu plus rondes

Ces espèces se trouvent souvent en pépinière sous le nom de Myrtillier canadien ou Saskatoon, un nom amérindien qui dénote l’utilisation importante qu’en faisait les peuples premiers d’Amérique du Nord. Les amélanchiers ont longtemps été vendus comme arbuste ornemental, mais ce n’est que depuis 3 ou 4 ans qu’on a découvert l’intérêt de leurs fruits. Aujourd’hui on trouve de nombreux cultivars sélectionnés pour la grosseur et le goût des amélanches.

Peut-on multiplier facilement les amélanchiers? J’ai lu que c’était possible de les bouturer mais malheureusement je n’y suis pas encore parvenue. Tous mes rameaux ont fini par se dessécher lamentablement, peut-être faute d’arrosage régulier. Je n’ai pas testé le semis, mais c’est en projet pour l’automne prochain…

Pour conclure, vous l’aurez deviné : je vous encourage vivement à accueillir quelques amélanchiers dans votre jardin. Et si vous avez en déjà un depuis longtemps, planté pour l’ornement, n’hésitez pas à enfin goûter ses fruits. Il n’est jamais trop tard pour rattraper le temps perdu…. !