Pas de grandes envolées poétiques dans ce billet du 30 mars. Le sujet sera résolument terre à terre, puisqu’il s’agit d’évoquer une occupation hautement  énergivore : la gestion des bordures. Nous n’échappons hélas pas à ce travail de Sisyphe ! Pour que notre jardin, tout sauvage qu’il est, reste accueillant et agréable à vivre, il faut réussir à séparer harmonieusement les espaces enherbés de détente et promenade de ceux où poussent les légumes, les petits fruits ou de jolies fleurs. Le problème, c’est que l’herbe – un joyeux mélange de graminées – ne voit pas les choses sous le même angle et cherche constamment à gagner du terrain : elle se faufile entre les vivaces, grimpe à l’assaut des buttes et étendrait partout son emprise si on la laissait faire…

Il faut donc agir ! La méthode classique est de lui couper proprement la chique et les racines à coups de bêche, tout en creusant un petit fossé rédhibitoire entre les deux camps : on utilise pour cela un outil tranchant en demi-lune particulièrement élégant. Franchement, je n’ai pas essayé, découragée d’avance par les dizaines de mètres de bordures qu’il faudrait découper chaque année. La mode actuelle est plutôt aux bordures en acier corten (aspect rouillé), mais c’est très cher et pas du tout local.

Nous avons testé les colliers de pierres glanées au bord des champs, mais l’herbe et les fourmilières finissent tôt ou tard par les engloutir. Même déconvenue avec les tuiles plates plantées à la verticale: elles s’effritent et disparaissent au cours du temps. Au final, nous avons opté autant que possible pour du bois massif sous deux formes différentes :

Des planches enterrées sur la tranche en guise de bordures autour des potagers et des massifs. Par chance, nous avons une scierie au village qui peut nous fournir de grands paquets de cuenneaux (ou dosses en bon français: ce sont les premières tranches du tronc, avec de l’écorce)

De grosses branches tout le long des chemins qui bordent les allées fruitières et le verger. Nous les prélevons dans les bois des environs, avec l’autorisation des forestiers.

Dans les deux cas, mieux vaut opter pour du chêne car le sapin (ou épicéa) se décompose au sol en moins de 3 ans. La mise en place est laborieuse, mais le résultat est plutôt esthétique pour qui apprécie le bois mal dégrossi et les branches biscornues ! Les organismes xylophages aussi y trouvent leur compte : de magnifiques capricornes aux rayures de guêpe se rencontrent tout l’été au bord de nos chemins et les champignons s’incrustent durablement dans une assiette remplie pour environ 10 ans.

Mais notre besogne ne s’arrête pas là. Dès la belle saison, il s’agira de passer régulièrement le coupe-bordure électrique pour rendre leur splendeur aux belles écorces de chêne masquées par les hautes herbes…