En voilà une belle tête d’ail ! Mais ce n’est pas n’importe lequel : il s’agit de l’ail éléphant ou ail d’Orient, alias Allium ampeloprasum var. ampeloprasum. En 2017, j’avais ramené un seul de ses caïeux, tel un joyau précieux, d’une visite au célèbre jardin-forêt des Fraternités ouvrières en Belgique. Après l’avoir planté dans un massif, j’avais assisté année par année à l’expansion de la plante en véritable touffe et admiré ses grosses boules de fleurs mellifères, sans jamais me décider à aller chatouiller les têtes sises à son pied. Jusqu’à ce que mon fils à moi, pépiniériste de son état, enfreigne le tabou et déterre l’an dernier tout le pied-mère.
Bien lui en a pris car le caïeu avait fait plein de petits. On les a multipliés depuis: en lignes plus ou moins espacées et en coupant les boutons floraux pour amener l’énergie au bas de la plante (qui ressemble à s’y méprendre à un gros poireau). Quand en juillet les tiges se sont desséchées, on a récolté d’énormes têtes d’ail d’éléphant, dépassant 10 cm de diamètre et prêtes à se séparer en trois à cinq gousses (ou caïeux). On s’est empressé de les goûter et le verdict est plutôt positif : le goût d’ail est bien là, mais en nettement plus doux que l’ail cultivé classique (Allium sativa) et avec une petite pointe d’amertume sur la fin. Vu la taille de la gousse, on peut facilement y couper des tranches fermes qui ont belle allure en salade, en brochette ou en poilée de petits légumes.
Novembre est le bon mois pour planter l’ail et les bulbes en général. L’ail éléphant ne fait pas exception et j’ai donc choisi une vingtaine de beaux caïeux sur la récolte de l’année pour multiplier la bête. Il faut les installer dans une terre bien drainante, en les enfonçant pointe vers le haut à environ 5 cm de profondeur et 15-20 cm de distance l’un de l’autre.
En m’y appliquant cette semaine, j’ai eu la surprise de voir qu’il y avait déjà quelques jeunes pousses d’ail éléphant dans la platebande. En fait, cet ail produit souvent quelques bulbilles autour de son bulbe principal. Elles sont brunes, ont une peau très dure et se détachent facilement quand on arroche les bulbes du sol, si bien qu’elles germent alors là où on les a oubliées. La première année elles donnent un bulbe très rond et dès la seconde année ce bulbe donnera de beaux caïeux dignes du nom que porte la plante. Cette particularité confirme sa réputation de légume perpétuel, car une fois installé, on peut l’oublier : l’ail éléphant n’a pas besoin de nous pour vivre sa vie au jardin.
Très intéressant, merci Aïno. J’ai mis en terre de la ciboule de chine ramenée de Saignelégier mais je pense que c’est encore une autre sorte de plante… On en a à apprendre 🙂
Bonjour Emmanuelle, effectivement c’est encore une autre espèce. Je ferai à l’occasion un billet portrait de tous ces différents Allium, histoire de s’y retrouver!