Le jeu de mot est facile, certes, mais je n’ai pas trouvé mieux : il reflète parfaitement mon état d’esprit après deux semaines de vacances en Bretagne et les centaines de pêches qui nous attendaient au jardin au retour. Ou qui ne nous attendaient plus… Pour une jardinière, partir en septembre est un vrai dilemme. C’est génial car on évite les foules, mais c’est frustrant car on rate forcément une partie des récoltes. J’ai bien tenté d’assurer le coup en multipliant les soirées « conserves » avant de partir et en planifiant les vacances entre la fin des haricots et le début des pêches, mais la météo en a décidé autrement : les haricots ont pris du retard et les pêches ont eu de l’avance. Ce sont donc au mieux les oiseaux et les guêpes, au pire les moisissures, qui comme l’an dernier auront le plus profité de ces fruits délicieux. Mais ce n’est pas grave, tout va bien j’ai dit: je me contenterai avec bonheur des sept bocaux du millésime 2025 et tâcherai de faire mieux l’an prochain.
Le pêcher de vigne est heureusement un arbre facile à vivre. C’est même une valeur sûre qui ne nous a jamais fait faux bond. Nous avions reçu deux petits plants il y a 25 ans que nous avons installés contre la clôture du poulailler, dans un coin sec et bien drainé. Bien résistants à la cloque du pêcher, une maladie cryptogamique pas belle à voir, les arbres nous ont offert leurs premières pêches à chair blanche trois ou quatre ans plus tard, puis des centaines de kilos par la suite. Mal taillés, ils ont pris de la hauteur (4 à 6 m) et une allure dégingandée, avec de longues branches dégarnies sur le bas, mais croulantes sous le poids des fruits portés à bout de bras. Puis ils sont morts de leur belle mort, car les pêchers ne vivent guère plus de 20 ans. Entre temps, ils ont fait plein de petits dont nous profitons aujourd’hui. Pour les multiplier, pas besoin de greffe ni de culture compliquée : il suffit de semer leurs graines et attendre que l’arbre pousse. Comme notre sol sableux leur convient à merveille, de jeunes pêchers sont très vite apparus sous leurs parents et ailleurs au jardin, au gré du hasard et de nos lancers de noyaux.
Au fil du temps, nous avons aussi accueilli d’autres variétés, comme cette pêche à chair rouge dite « sanguine », brandie sur la photo, dont j’avais ramené un noyau du centre de la France. Une très bonne idée car cela permet d’échelonner légèrement les dates de maturité…et peut donc faire la différence au retour de vacances ! A maturité, les pêches de vigne ne se conservent pas longtemps et se tachent très vite. Du coup, il faut les manger ou les transformer rapidement. J’ai testé le séchage mais je préfère de loin les conserver dans des bocaux stérilisés (voir méthode ci-dessous), ce qui nous donne le plaisir d’une immersion gustative estivale en plein cœur de l’hiver.



Pêche de vigne, kesako?
Le pêcher de vigne (Prunus persica) n’est pas une variété en soi, mais désigne plutôt des pêchers qui étaient traditionnellement cultivés dans les vignes, à l’extrémité des rangs, et dont les fruits arrivent à maturité à peu près en même temps que le raisin. Ses fleurs sont moins sujettes aux gels tardifs que les variétés cultivées à grande échelle car elles s’épanouissent plus tard. L’arbre est aussi plus résistant aux maladies. Un conseil: si votre pêcher est chaque année sujet à la cloque ou à la moniliose, mieux vaut le remplacer par une autre variété.
La peau des pêches de vigne est souvent un peu plus grise et un peu moins douce que celles des pêches estivales du commerce. Leur chair est blanche, jaune ou rouge selon les variétés, qui bien souvent n’ont pas de nom. Semez le noyau d’une pêche à chair rouge ne garantit bien sûr pas d’obtenir un arbre qui donnera des mêmes fruits, surtout si d’autres variétés poussent dans le voisinage. Il faudra accepter les hasards de la pollinisation ou bien passer par la greffe.
Au jardin-forêt, je découvre chaque année des groupes de petits pêchers qui ont poussé spontanément là où un seau à compost plein de noyaux a été vidé l’automne dernier. Il suffit alors de les transférer dans des pots individuels, puis de les soigner quelques mois en pépinière avant de les planter ailleurs. Lorsqu’il s’agit de noyaux issus de nouvelles variétés, je préfère les semer directement en pot, dans un mélange drainant de sable, terre et compost (1/3 de chaque), pour mieux les avoir à l’œil.


Pêches en bocaux
Afin de garder les pêches les plus fermes possibles, tout en les stérilisant, voici comment procéder :
- Verser de l’eau bouillante sur les pêches et laisser tremper moins d’une minute jusqu’à ce que la peau se décolle facilement. Je prépare le volume de maximum deux bocaux à la fois pour éviter l’oxydation des fruits.
- Peler les fruits, les couper en deux et les dénoyauter et en remplir un bocal (jauge) pour estimer le volume à stériliser.
- Dans une casserole, verser deux verres d’eau, ajouter une cuillère à soupe de sucre (facutatif) et porter à ébullition. Dans une autre casserole, ébouillanter vos bocaux vides et leurs couvercles pour bien les stériliser.
- Quand l’eau bout, verser le contenu du bocal (jauge) dans la casserole. Dès que les pêches arrivent à ébullition, les transvaser dans un bocal chaud et les couvrir de jus. Visser le couvercle immédiatement et retourner le bocal.
Le challenge est de travailler vite, proprement et sans se laisser distraire, pour éviter de faire de la purée de pêches. Mais si cela devait arriver, ce sera très bon également !
Merci pour tes bons conseils, je vois que tu as toujours la pêche 🍑
Amicalement 🌺
Merci Aino, on va s’essayer au lancé de noyaux dès les premiers fruits de nos arbres de … la pépinière du Suchet
Le coup de la pêche c’est déjà dit.
Alors autre commentaire très perso : « ça mord » ?
Poissons rouge frits ou braisés ?
Tout au mieux à Toi et aux tiens. Amitié Eric
Trop chouette, tu nous donnes une sacrée pêche !
C’est pas bateau, nous en avons bien besoin ;). Merci Aino